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“Toujours des mots, rien que des maux”, les 1ères annonces de la ministre de l’Agriculture
Le Sommet de l'élevage, salon auvergnat de référence, a servi de cadre à la nouvelle ministre de l'Agriculture, Annie Genevard pour annoncer ses premières mesures face à la crise sans précédent que traverse le secteur. Dans un discours de 21 minutes, elle s'est adressée à un auditoire composé de journalistes, de membres du gouvernement et d'éleveurs.
C’était le grand plongeon pour la ministre. Après s’être prêtée à la traditionnelle déambulation au Sommet, elle a rencontré les quatre syndicats majoritaires, qui ont pu, tour à tour, exprimer leurs doléances. Épizooties et demandes de vaccins, lois en suspens et désormais éleveurs en difficulté après les annonces de Lactalis : la ministre prend ses fonctions dans un contexte de crise et marche sur des œufs. Mettant à profit ses compétences en littérature, elle a livré un discours soigneusement élaboré pour cette première épreuve. Et puisque la pédagogie est convoquée, voici notre commentaire de texte, scolaire, évidemment !
Un temps d'adaptation
Annie Genevard, ancienne professeur de lettres a livré son discours en trois parties : constat, engagement et mesures hypothétiques. En premier lieu, nous relevons l’utilisation d’un long champ lexical du pathos : “l'inquiétude est là”, “découragement”, “l’élevage français souffre”, “énormément de filières agricoles sont en très grande difficulté”. Les mots sont justes, le constat est douloureux. Un contexte de crise avec en plus, un changement de ministre en cours de route. La tâche s’annonce difficile. C’est peut-être pour cela qu’Annie Genevard a fait une demande implicite et insolite : lui laisser un peu de temps pour être à la hauteur des attentes. “cela fait dix jours que je suis arrivée à la tête du ministère de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de la forêt, dix jours”.
"Agir, agir et encore agir"
Cependant, le ton est donné : le gouvernement ne sera pas passif. En premier lieu, Emmanuel Besnier, président de Lactalis sera dès lundi convoqué, pour ne “laisser aucun éleveur sur le bord du chemin”, paraphrasant ainsi Yohann Barbe, président de la FNPL (fédération nationale des producteurs de lait). Les toutes premières annonces de la ministre ont été prononcées au Sommet : le vaccin contre la FCO-3 sera gratuit, pris en charge par l’État sur l’ensemble du territoire. Pour asseoir son efficacité, la ministre annonce des mesures budgétaires concrètes : 150 millions d’euros d’aides seront débloquée pour lutter contre la décapitalisation.
Des mesures qui restent floues
Bien qu’Annie Genevard “ait du courage” et sache “se retrousser les manches”; elle reste évasive sur d’autres points en particulier sur la vaccination, d’où l’utilisation du conditionnel à moitié déguisé comme “je m’entretiendrai(s)" qui laisse planer une ambiguïté sur les engagements à venir. Pour le fonds d'urgence lié à la FCO-3, plusieurs questions cruciales demeurent sans réponse : combien d'éleveurs bénéficieront de cette aide ? S'appliquera-t-elle également aux cas de mortalité indirecte ? Ces imprécisions pourraient révéler un besoin d’études supplémentaires pour définir l'ampleur et les critères d'éligibilité du dispositif. Le discours sur la FCO-8 n'a pas évolué. Pas de réponses, pas d'attardement sur le sujet. Mais elle s’est présentée comme la femme de la situation malgré quelques flous. Sera-t-elle en mesure d’endosser ce rôle ? Quelques points ont été applaudis par les agriculteurs. Beaucoup ne la connaissent pas encore et, en extrême vulnérabilité, n'ont pas le temps d'attendre.