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[Témoignage] Un projet ambitieux amené à grandir à Abilly
Céréalier à Abilly, Bernard Limouzin s’est lancé dans un ambitieux projet d’agroforesterie il y a deux ans. Témoignage, à l’occasion d’un tour de plaine organisé en novembre.
Deux parcelles de Bernard Limouzin, céréalier à Abilly sur 240 ha, ont fait l’objet d’un tour de plaine le 8 novembre, avec Loches sud Touraine et le Gabbto*, en présence d’élèves de la MFR du Val de Manse. L’agriculteur a en effet commencé récemment un important projet en agroforesterie. 690 arbres ont été plantés en janvier 2022 sur une parcelle de 17 hectares, et 1 200 début 2023 sur une parcelle de 26 hectares, pour un coût respectivement de 26 000 euros et de 44 000 euros. L’investissement, subventionnés à 80 %, comprend les arbres, leur mise en place, les protections individuelles et les clôtures. Il faut compter 25 euros par arbre.
« Ces parcelles sont en terre séchante, à faible potentiel. J’ai donc voulu donner du sens à mon métier en m’adaptant à ces terres, bocagères à la base », confie Bernard Limouzin. « L’agroforesterie se prête bien aux terres moyennes, pauvres en matière organique, un peu hydromorphes, complète Olivier Chereau, gérant de l’ETA Sylvaloir qui a réalisé les plantations. Elle peut aussi valoriser des terres en pente, avec un effet bénéfique sur l’érosion. »
« L’ombre déplaçante, le piégeage du carbone, la qualité de l’eau, le patrimoine que représentent les arbres, la biodiversité, tous ces bénéfices de l’agroforesterie me parlent », souligne l’agriculteur. Dans la première parcelle sont cultivées une association de bléféverole et de la luzerne. Les lignes d’arbres sont espacées de 26 m, avec une distance de 15 m entre chacun. Une bande enherbée de 2 m est respectée au pied des arbres.
DES ESSENCES DIVERSIFIÉES
La seconde parcelle a été transformée en prairie de fauche, car un projet de mise à disposition à un éleveur ovin est en cours de réalisation. Sur celle-ci, un espacement de 14 m entre les lignes était suffisant, avec 14 m également entre chaque arbre. « Le but étant que le matériel de fenaison puisse passer sans problème », justifie Bernard Limouzin. Cormier, alisier, chêne sessile, robinier faux-acacia, sophora du Japon, aulne, frêne ont été plantés, mais aussi des fruitiers tels que pommiers, poiriers, noyers... « Poiriers et cormiers s’adaptent très bien dans les champs, a précisé Olivier Chereau. Il faut trouver un équilibre entre fruitiers et non fruitiers, et privilégier les variétés rustiques : noyers, pommiers de variété locales, pruniers...» Les arbres sont implantés à l’âge de 2 ans, lorsqu’ils mesurent environ 80 cm de haut.
A la plantation, les arbres ont été largement paillés avec de la paille de lin, qui a l’avantage de ne pas se décomposer trop vite. « Je ne broie pas entre les arbres, ça permet de créer une zone de biodiversité intense, avec des auxiliaires utiles aux cultures, estime Bernard Limouzin. J’ai implanté autour de la fétuque rouge, pour occuper le terrain, et que les ronces notamment ne s’étendent pas. » Sur la parcelle plantée en 2022, trois tours d’arrosage ont été effectués, en mai et juin 2022. Une taille va être effectuée en ce mois de janvier. Tous les deux à trois 3 ans, il faudra aussi passer une dent de décompaction toute droite de chaque côté des lignes d’arbres, pour couper les racines poussant sur les côtés et favoriser l’enracinement en profondeur. Un entretien nécessaire pour assurer la pérennité de tout projet agroforestier.
* Dans le cadre du contrat territorial de l’Esves, pour réduire les pollutions diffuses, financé par l’Agence de l’eau Loire Bretagne.