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Suicide : un sur-risque significatif et en hausse chez les exploitants et salariés de tous âges
Selon une étude de la MSA, les assurés du régime agricole présentent, par rapport à l’ensemble des régimes, un sur-risque de phénomène suicidaire de +60% chez les 15-64 ans et de +73% chez les plus de 65 ans, un phénomène davantage marqué chez les non-salariés, et en croissance sur la période 2018-2021. Les tentatives de suicide sont en revanche moindres.
Dans le cadre de la Journée nationale de prévention du suicide, le 5 février dernier, la MSA a diffusé des résultats d’études sur le risque suicidaire au sein du régime agricole, incluant les salariés et les non-salariés. Les chiffres portent sur la période 2018-2021 et sur la base des données médico-administratives du Système national de données de santé (SNDS), excluant de fait le cas des personnes n’ayant pas eu recours à des soins. En préambule, la MSA rappelle « l’impossibilité de dénombrer de façon exhaustive le nombre de suicides au sein du régime agricole ».
Pour évaluer les variations du risque de suicide dans les populations du régime agricole par rapport à la population de l’ensemble des régimes, la MSA a recours à un indicateur permettant de comparer les groupes, intégrant l’âge et le sexe. Selon le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès, piloté par l’INSERM, on a recensé en France métropolitaine 8951 suicides, en 2021, soit 1,4% du nombre total de décès. Notre pays se hisse à la 8ème position européenne du taux de suicide le plus élevé : 13,5 suicides 100.000 habitants contre 10,3 de moyenne en Europe.
Un sur-risque de suicide patent, et en augmentation
En 2021, le sur-suicide dans la population agricole âgée de 15 à 64 ans est estimé à +60 % et atteint +73% chez les 65 ans et plus. En, terme d’évolution, sur la période 2018-2021, le sur-risque a progressé de +6,4 % chez les 15-64 ans et de +10,6% chez les 65 ans et plus. Cette observation est d’autant plus notable chez les non-salariés agricoles de 65 ans et plus, pour qui le risque de mortalité par suicide augmente de +19,3%. Chez les non-salariés âgés de 15 à 64 ans, cette évolution est légèrement moins importante , à +15,5 %. « Ces observations témoignent d’un profond mal-être au sein de la population agricole soumise à certains facteurs identifiés comme aggravants », souligne la MSA, qui rappelle que le risque suicidaire est multifactoriel : facteurs socio-économiques (revenus, emploi et catégorie socioprofessionnelle, précarité, isolement…), facteurs démographiques (genre, âge, statut marital…), facteurs sanitaires (maladies chronique, addictions…), facteurs géographiques (difficultés d’accès aux services publics, ruralité…).
Moins de tentatives de suicide dans le milieu agricole
L’étude de la MSA inclut des données relatives aux tentatives de suicides suivies d'une hospitalisation en médecine, chirurgie, obstétrique pour les assurés âgés de 10 ans et plus, en France métropolitaine. En 2022, le taux d’assurés agricoles ayant réalisé une tentative était de 9,1 pour 10.000 contre 12,3 pour l’ensemble des assurés, soit une sous-représentation de 17%, avec cependant une distinction nette entre salariés et non-salariés : les exploitants présentent un risque inférieur de 42% par rapport à la population de tous régimes alors que les salariés présentent un risque équivalent, voire supérieur pendant la période de vie active.
Les facteurs de risques de suicide chez les 15-64 ans
Chez les 15-64 ans, le risque de décès par suicide est croissant avec l’âge (à l’exception des 60-64 ans). L’implication du sexe dans le risque de décès par suicide n’est pas anodine : les hommes présentent un risque 2,7 fois plus important que les femmes. Les facteurs liés aux troubles mentaux sont déterminants : le phénomène du risque suicidaire est 16,1 fois plus fréquent chez les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique que chez les assurés n’ayant aucune maladie psychiatrique ni traitement psychotrope. De surcroît, les personnes suivant un traitement psychotrope ont un risque multiplicatif de 5,2. Les tentatives de suicide (dans les 5 années précédant le suicide), elles-aussi, entrainent un sur-suicide de 7,6 fois. Enfin, le lieu de résidence a un très léger impact quant au risque de décès par suicide, augmentant en fonction de l’éloignement des grands centres urbains à l’exception des petites villes.
Les facteurs de risques de suicide chez les 65 ans et plus
Chez les 65 ans et plus, au même titre que pour les 15-64 ans, le risque de décès par suicide augmente avec l’âge (x 2,3 chez les 80 ans et plus). Ce risque est davantage présent chez les hommes (x 5,2). Bien qu’identifiés comme facteurs de risques importants, les « maladies psychiatriques » et « traitements psychotropes » sont moins prégnants dans la population âgée (respectivement 6,7 et 3,2). En revanche, il apparait que les tentatives de suicide au cours des 5 dernières années constituent un facteur prédominant qui augmente de 12,7 fois le risque de suicide. Enfin, la ruralité semble, comme pour les 15-64 ans, être un facteur très légèrement impactant, allant jusqu’à multiplier le risque de décès par suicide de 1,5 pour les personnes vivant en zone rurale à habitat très dispersé.
Les actions de la MSA pour lutter contre le mal-être agricole
Prévention, repérage, accompagnement et prise en charge, suivi : la MSA met en place depuis plusieurs années de nombreux outils pour lutter contre le mal-être agricole, avec notamment le renforcement du dispositif d’aide au répit, la poursuite du déploiement du réseau de sentinelles (au nombre de 5089 à fin 2023) ou encore le dispositif Agri’écoute, un numéro de téléphone unique (09 69 39 29 19) à disposition des assurés MSA en grande détresse et joignable 24h/24, 7 jours/7. En 2023, 3853 appels ont été traités pour 3278 appelants (soit près de 321 appels mensuels) avec un niveau de service annuel de 96 % (taux d’accessibilité moyen soit un décrochage en moins de 5 sonneries 24/7). En 2024, en réponse à la crise agricole, la MSA a dédié 1 million d’euros à la mise en place d’une expérimentation sur l’aide au répit administrative. Les caisses de MSA proposent cette prestation aux assurés ayant fait l’objet d’un diagnostic social indiquant un risque d’épuisement professionnel lié à une surcharge administrative.