Section laitière Elevage laitier : L’autonomie alimentaire, jusqu’où aller ?

La section laitière de la FDSEA 69 a tenu sa journée laitière le 1er février à Les Sauvages. Si une partie de la matinée était consacrée à un point conjoncturel (lire encadré), la cinquantaine de participants ont pu échanger avec Alice Berchoux de l’Institut de l’élevage autour de « L’autonomie alimentaire des systèmes d’élevage bovins lait, oui mais jusqu’où faut-il aller ? ».

L’autonomie alimentaire des élevages est un sujet qui passionne autant qu’il interroge. En effet, face au réchauffement climatique, à une situation économique toujours plus compliquée pour les élevages laitiers, jusqu’où les éleveurs doivent-ils aller dans l’autonomie alimentaire ? La section laitière de la FDSEA 69 a soulevé la question à l’occasion de sa journée laitière du 1er février à Les Sauvages soutenue par le Criel. « Cela fait deux ans que nous nous posons la question de comment aborder cette question et il nous tenait à cœur au sein de la section de traiter de ce sujet-là », explique Alexandre Dubeuf, éleveur à Meys et référent dossier technique, recherche et développement de la section.

 Alors, l’intervention d’Alice Berchoux de l’Institut de l’élevage qui travaille sur le fonctionnement des systèmes bovins laitiers et plus particulièrement sur l’autonomie alimentaire et protéique mardi matin a convaincu l’éleveur. 

Plusieurs enjeux

La chargée d’études en production laitière a rappelé en introduction de son intervention les multiples enjeux : économique, environnemental et sociétal.

 Par ailleurs, les enjeux environnementaux notamment vis-à-vis du changement climatique « pour apporter de la sécurité sur son système de production » et sociétaux pour répondre aux attentes des consommateurs (du local respectueux de l’environnement) sont de plus en plus prégnants. Alors jusqu’où aller dans la voie de l’autonomie alimentaire ?

L'atout herbe

L’intérêt est de réussir à réduire cette sensibilité aux aléas climatiques surtout en période de sécheresse estivale en optimisant l’existant ». En effet, elle rappelle qu’il est primordial de limiter au minimum les pertes de fourrage au moment de la récolte et du stockage. Il est impératif également de maintenir une prairie productive et avec une flore de bonne qualité. Autre piste : améliorer la qualité de l’herbe pâturée. « Cette dernière est aussi dense sur le plan énergétique que le maïs ensilage. L’herbe de qualité est une ration complète, équilibrée et prête à l’emploi. Elle peut être l’un des moyens de se passer de tourteau. Il n’y a par ailleurs pas de déficit azoté pour l’herbe paturée (avec 30 % de légumineuses) », souligne la chargée de mission de l’Idéle. Alice Berchoux rappelle également que la fauche précoce est un des leviers pour récolter une herbe de meilleure qualité notamment au niveau de la valeur énergétique et des teneurs en PDIN et PDIE. 

A plus grande échelle

Concernant l’autonomie en concentré, l’Idèle a « plutôt tendance à conseiller de chercher une autonomie à l’échelle d’un territoire, d’une région, voire à l’échelle nationale dans l’objectif de trouver une complémentarité entre les céréaliers et les éleveurs », explique la spécialiste. Parmi les solutions, il est possible d’améliorer l’autonomie protéique par les concentrés autres que les tourteaux de soja : les graines protéagineuses (pois, soja, féverole), les tourteaux de colza gras ou non, la luzerne déshydratée ou encore les coproduits issus des industries agroalimentaires comme la drèche de brasserie.

Enfin, dernier levier possible pour tendre vers l’autonomie alimentaire : la voie du troupeau. « Il faut réduire le nombre d’animaux improductifs. » Ainsi, il est préconisé de réduire l’âge au premier vêlage. Toutefois, il est important de noter certaines limites : ceci est non adapté dans les systèmes avec des surfaces en prairie non mécanisable, le développement corporel est moindre en première lactation et davantage de concentrés sont nécessaires pour atteindre les objectifs de croissance. Autant de leviers que les exploitants pourront examiner sur leur exploitation. Car en effet, il n’y a pas de réponses toutes faites au questionnement de départ : l’autonomie alimentaire, jusqu’où faut-il aller ? « Tout dépend de votre système et des situations individuelles de chacun. Viser une autonomie fourragère proche de 100 % est un gage de rentabilité économique et réduit la charge mentale en période d’aléas climatiques. Toutefois, l’autonomie en concentré à l’échelle de l’exploitation est difficile à atteindre, il est préférable de la chercher à l’échelle territoriale. Il est également important d’évaluer les conséquences économiques d’un changement de pratiques et/ou de système en faisant appel aux techniciens locaux, notamment de Rhône terre d’éleveurs, pour être accompagné », conclut Alice Berchoux.