Retour sur les essais de légumineuses à graines dans le Puy-de-Dôme

La Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme et Limagrain, en partenariat avec Terres Inovia, organisaient le 1er juillet une visite de leurs essais de légumineuses à graines menés depuis 3 ans dans la cadre du programme cap protéines.

Objectif ? Proposer une animation technique aux agriculteurs pour approfondir leurs connaissances sur les itinéraires techniques de légumes secs à graines. Implantée à Antoingt sur une parcelle du Gaec St Verny
(1 ha), la plateforme est divisée en 7 modalités : lentilles deux dates de semis, lentilles plantes compagnes, lentilles biocontrôles, essai variétés lentilles, essai pois chiche, essai féveroles et essai pois de printemps.
Maîtriser le désherbage
« Le choix de la parcelle est primordial pour maîtriser le désherbage en prélevée et post-levée des légumes secs  » explique Sabrina Bourrel. La conseillère bio grandes cultures de la chambre évoque aussi la nécessité d'appliquer différentes méthodes de lutte. La lutte agronomique tout d’abord, via des rotations longues et diversifiées, une bonne gestion du travail du sol et du stock semencier et un désherbage mécanique en cours de cycle.
Sur la lentille, peu couvrante et sensible à la concurrence, l’intervention d’une lutte chimique en prélevée est également recommandée par la conseillère (challenge 600, nirvana), elle est à compléter « si besoin » par une lutte en post levée au stade 3-4 feuilles (challenge 600) et un antigraminées (étamine/pilot) au stade 6-7 feuilles. Sur les pois chiches, la lutte chimique intervient essentiellement en prélevée « sur la base de quelques principes à respecter : anticiper la flore présente dans la parcelle et éviter une application juste avant la levée » détaille Sabrina Bourrel.
Dans le domaine de la lutte mécanique: le passage de la herse étrille ou houe rotative est possible sur le semis de lentille, tant que la germination n’a pas démarré, puis au stade 3-4 feuilles et 6-7 feuilles. « Si des adventices dépassent de la culture, prévoir un écimage ». En présence de cailloux, Sabrina Bourrel conseille un roulage après de le dernier passage de l’outil. Le pois chiche étant bien adapté au désherbage mécanique, différents passages de la herse ou houe rotative peuvent être envisagés en post-semis prélevée puis à partir de 2-3 feuilles. Selon la largeur de l’écartement, le passage de la bineuse peut intervenir au stade 4-5 feuilles en veillant à ne pas recouvrir les plantes. « Les passages seront en fait déterminés par les levées d’adventices, le stade de la culture et les conditions météo .»
Récolter au bon moment
La récolte des légumineuses à graines suppose d’adopter de bonnes pratiques. Celle des lentilles intervient généralement en juillet voire fin août, lorsque la teneur en eau de la plante atteint entre 14 et16 % d'humidité. La récolte doit être réalisée au bon moment, c’est-à-dire tôt le matin pour limiter l’égrainage et la casse des graines mais pas trop tôt non plus afin d’éviter un couvert trop humide. En cas de verse, Alexis Verniau de Terres Inovia préconise «l’utilisation des doigts releveurs et/ou de récolter la lentille à « rebrousse-poil ». Pour le pois chiche, la récolte est conduite de mi-juillet à fin août, lorsque le niveau d’humidité de la plante atteint 14% et 2% d’impuretés. « Dès que le stade de maturité récolte est atteint, les graines sont libres dans la gousse. Il faut alors veiller aux réglages de la moissonneuse pour limiter leur casse » prévient le technicien.
Optimiser le stockage
Les experts de Terres Inovia alertent sur les conditions de stockage des graines, notamment sur l’incidence des bruches, ennemi numéro 1 de la lentille, du pois et de la féverole. Ce petit insecte qui émerge dès la récolte et au cours du stockage, s’attache à recoloniser le milieu. D’où la nécessité de lutter en détruisant les déchets issus des triages des lots récoltés et en gérant les lots dès la récolte. L’application d’un insecticide de contact ou d’une fumigation à la phosphine est possible, mais la solution congélation sur une durée de 3 à 4 semaines est davantage conseillée; car « un grain « bruché » est un grain perdu ! » prévient le technicien.