[Reportage] Pour faire face aux sécheresses, un système de « château d’eau » à l’énergie solaire sur ces estives du Cantal

S’adapter aux sécheresses de plus en plus fréquentes fait aussi partie de l’élevage durable mis à l’honneur au Sommet de l’Élevage. Les estives du Cantal ne font pas exception. Pour faire face à ces épisodes, un système de pompage solaire a été mis en place en 2023, près de Salers, par un éleveur et une estive collective. Depuis, les deux troupeaux voisins peuvent s’abreuver, même en période sèche, valorisant ainsi l’ensemble de la ressource fourragère de ces estives.

En plein cœur des monts du Cantal, dans la vallée du Récusset, les prairies d’altitude voient paître les Salers. Et pour cause : nous sommes à quelques minutes du village du même nom. Ici, les parcelles avec vue sur le massif du puy Mary appartiennent, d’un côté, au GAEC de Ferluc, et de l’autre, sont gérées par la Coptasa : une estive collective gérant ici 930 hectares et 1400 animaux. À la mi-septembre, malgré un soleil encore chaud, certains couples vache-veau redescendent déjà dans la vallée, pour valoriser un regain d’herbe proche du GAEC.   

La gestion du pâturage, justement, est un enjeu clé qui a toujours été dans les têtes des deux hommes qui gèrent ces parcelles voisines : Laurent Bouscarat, directeur de la Coptasa, et Géraud Fruiquiere, l’un des deux associés du GAEC de Ferluc. « Les dernières années sèches ont suscité de l’inquiétude. Il était urgent de sécuriser la ressource en eau », explique Laurent Bouscarat. En période de sécheresse, l’eau devient plus rare, une des sources de cette montagne se tarit, et les animaux ont besoin de boire davantage. Or, les zones sans abreuvement ne sont pas exploitables (« une estive sans eau n’a pas d’intérêt »), et celles avec de l’eau à disposition se retrouvent sur-fréquentées par le troupeau.

Une cuve enterrée qui redistribue l’eau dans des bacs

Pour s’adapter à ces périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes, l’objectif est de fournir des volumes d’eau plus importants, et créer des points d’abreuvement supplémentaires. Pour ça, les deux parties ont mis en place en 2023 un système de pompage. Le principe : l’eau de la source en contre-bas, est pompée et acheminée dans une cuve enterrée au sommet de la montagne, grâce à l’énergie solaire. L’eau est ensuite distribuée dans deux bacs de béton, qui ont chacun une capacité de 1000 litres. « Grâce à un flotteur, l’eau n’est pompée que quand les animaux boivent. On prélève uniquement ce dont les vaches ont besoin », poursuit Laurent Bouscarat. Pour Géraud Fruiquiere, « c’est un petit de système château d’eau que l’on a recréé. Maintenant, les troupeaux peuvent s’abreuver à plusieurs endroits grâce aux bacs répartis sur la montagne. En plus, cela évite les zones surpâturées ou sous-pâturées. »

Les 2 bacs contiennent 1000 litres d’eau chacun et ont été calibrés en tenant compte du besoin journalier d’un couple vache-veau (évalué à 115 litres en période sèche) et de la taille du troupeau, pour éviter la compétition pour venir boire. La source, la cuve, et les panneaux solaires étant situés sur la propriété du GAEC de Ferluc, un acte notarié a été établi pour définir les termes d’utilisation. Laurent Bouscarat conclut : « Sur les estives, il y a des secteurs ou le pâturage est rendu difficile, voire impossible à cause du manque d’eau lors de sécheresses. Ces situations peuvent conduire à la sous-utilisation ou à l’abandon de certaines surfaces. C’est ce qu’on essaie d’éviter ici ».

Plus d'informations :

Le Sommet de l’Élevage, du 7 au 10 octobre 2025, mettra notamment à l’honneur les systèmes pâturants.

Site internet : www.sommet-elevage.fr
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