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Pourquoi les éleveurs devraient miser sur la race Aubrac ?
A une cinquantaine de kilomètres de Nancy, dans le Grand-Est, Yves Lacroix a troqué ses vaches charollaises il y a quatorze ans pour des vaches de race Aubrac. Un choix atypique qui fait des émules dans la région.
"Effectivement, la demande de reproduction de la race Aubrac connaît un essor important dans la région Grand-Est”, constate Cyril Leymarie, directeur de OS Races Aubrac. Autrefois cantonnée au plateau de l'Aubrac dans le Massif central. “C’est une race qui a migré”, confirme Jérôme Mathieu, président de la chambre d’agriculture des Vosges. Habituée aux terrains difficiles, l’Aubrac supporte bien les changements climatiques. Elle ne craint pas la rigueur du climat et peut ainsi passer une grande partie de l’année en plein air. Les éleveurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers cette race.
Cette race fait la fierté des Lacroix et la font défiler aux concours. Il suffit de voir la cinquantaine de médailles fièrement accrochées dans la grande, si ce n’est plus, pour comprendre qu'ils sont de redoutables adversaires. Passionnés de génétique, la famille sélectionne le nec plus ultra, que ce soit pour leurs moutons Texel, leurs vaches et taureaux Aubrac, sans compter leurs chevaux de race ardennaise et de Selle française. Ses animaux foulent presque chaque année le podium. Benjamin Lacroix, 28 ans, technico-commercial dans la vente de pièces agricoles veut perpétuer ce savoir-faire. Il va donc reprendre le flambeau au départ de retraite de son père, l’année prochaine. Quant à son frère aîné, il s’occupe déjà de la partie équine.
Pourquoi choisir la race Aubrac ?
Si elle plaît autant, ce n’est pas pour ses yeux soulignés de khôl, ni sa robe élégante de couleur fauve, mais plutôt sur sa facilité de conduite. Les éleveurs apprécient particulièrement le fait de pouvoir travailler en toute sécurité avec ces animaux. "Regardez comme elle court celle-ci ! Mon fils lui fait une caresse, et l'autre rapplique immédiatement"
Une excellente fécondité
"Nous avons un intervalle vêlage-vêlage réduit les Aubrac sont très fécondes, elles ont en moyenne un veau par an", précise Yves Lacroix. Grâce à leur excellente capacité d'allaitement, la production laitière de la mère est suffisante pour assurer la croissance de ses veaux avec le minimum de compléments. Le taux de mortalité au moment du sevrage est faible. "Nous n'avons pas besoin de les faire téter, ça non ! Dès la naissance ils deviennent autonomes !". Etant précurseurs dans le secteur, leur notoriété leur permet de revendre facilement des reproducteurs pour l'engraissement. "Le relief des Vosges favorise nos ventes à un juste prix pour des éleveurs en quête de races rustiques", explique Benjamin Lacroix.
Un élevage qui offre plus de temps libre
Pour les éleveurs, c'est un véritable soulagement. Yves Lacroix, bientôt à la retraite, n'a plus besoin de se réveiller en pleine nuit au moment des vêlages. Les vaches Aubrac sont autonomes et nécessitent très peu d'intervention humaine.
"Elles ne nécessitent quasiment pas de main-d'œuvre, ce qui permet de faire des économies, également sur les coûts vétérinaires", expose-t-il.
Cette race rustique et facile à élever fait de plus en plus d'adeptes, en particulier chez les nouveaux installants en quête de meilleures conditions de vie et de travail. Ils peuvent ainsi prendre quelques jours de vacances sans s'inquiéter de leur élevage, même si "les week-ends, c'est peut-être un peu plus compliqué, il faut tout de même nourrir les vaches", plaisante Cyril Leymarie.
Une viande à haute valeur ajoutée, une augmentation des ventes
"Le programme de sélection de l'OS Union race Aubrac est axé sur la recherche d'un optimum et d'un maximum, explique Cyril Leymarie, on va rechercher des gabarits modérés, de taille moyenne, avec une bonne largeur de bassin pour faciliter le vêlage et donc leur travail". Les veaux ont un poids compris entre 42 et 45 kg pour les mâles, et entre 39 et 42 kg pour les femelles. “L’objectif des éleveurs d’Aubrac, est de pouvoir vendre un veau broutard d'environ 450 kg, pour ensuite produire des carcasses pesant entre 390 et 450 kg, comme le précise Cyril Leymarie. C’est ce que demande la filière viande".
Aujourd'hui, les consommateurs mangent moins de viande, mais privilégient la qualité à la quantité. Ils recherchent des morceaux de choix, issus de races rustiques et typiques. L'Aubrac est une race bovine qui répond parfaitement à ces critères. Sa viande persillée, au grain particulier, est savoureuse et fondante en bouche. L’Organisme de Sélection de races Aubrac, préfère ne pas faire de publicité sur les mérites de cette viande, “on a déjà du mal à fournir la demande ! Les éleveurs, quant à eux, bénéficient et sont mieux rémunérés pour leur production. "Cela permet également de faire tourner les abattoirs de la région", ajoute Jérôme Mathieu.
Une valorisation du terroir
Son système alimentaire est simplifié et économique, car elle se nourrit principalement d'herbe, la première culture de la région, comme le rappelle Jérôme Mathieu en désignant les champs verdoyants alentour. Elle valorise également les herbages grossiers. Encore un avantage pour les éleveurs.
“Dans notre système herbager, 100 % herbe, l’Aubrac se nourrit qu’à base de foin et d’orge enrubannés. C’est économique et on n'achète quasiment pas de compléments”, se félicite Yves Lacroix. “Ce sont des bêtes avec un petit poids de carcasse et qui sont faciles à finir, rien qu’avec les produits de notre exploitation.”
Bien que les races locales, comme la vosgienne, ne soient pas près de disparaître dans la région, elles côtoieront de plus en plus d'Aubrac. Cette cohabitation est un atout pour le tourisme pastoral, qui valorise la diversité des races bovines et la richesse des terroirs.