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Photovoltaïque en toiture ou tracker solaire : Quelle technologie choisir ?
Montant de l’investissement, potentiel de revente du surplus, entretien ou encore courant parasite. Autant de critères à analyser avant de choisir une installation photovoltaïque en toiture ou un tracker solaire.
Si les toitures photovoltaïques sur les bâtiments de fermes font partie du paysage depuis plusieurs années, les trackers solaires, sur leur pylônes d’acier, se multiplient également dans les campagnes. Lors d’une journée sur le thème de l’énergie organisée par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire à Baugé en Anjou dans le Maine-et-Loire, Gilles Beaujean, conseiller au sein de l’organisme consulaire, s’est évertué à comparer les avantages et inconvénients des deux technologies dans le cadre d’une autoconsommation de l’électricité produite.
Le tracker solaire plus productif mais un investissement plus onéreux que le photovoltaïque en toiture
Pour couvrir 30 à 35 % des besoins en énergie de l’élevage, Gilles Beaujean part de l'exemple d’une installation photovoltaïque en toiture de 30 kWc, soit environ 160m², et d’un tracker solaire de 22 kWc.
Le tracker produit en moyenne 30 à 40% de plus par Watt crête qu’une installation photovoltaïque installée en toiture (sud ou quart sud-est à sud-ouest) car il suit le soleil. À noter également, le tracker n’est pas soumis aux contraintes d’orientation et de solidité d’une toiture. D’où la nécessité d’avoir une installation photovoltaïque plus grande en toiture pour produire l’équivalent d’un tracker solaire et couvrir les mêmes besoins.
En comparant les investissements nécessaires pour ces deux installations en se basant sur les prix de juin 2024, c’est le photovoltaïque en toiture qui s’avère le moins onéreux. Le conseiller chiffre l’installation des panneaux, le raccordement au réseau de la ferme et le changement de la toiture, notamment le remplacement du fibro ciment par du bacacier, à 49 000€ HT. Dans le même temps, l’installation d’un tracker solaire pour couvrir les mêmes besoins d’autoconsommation coûte environ 60 000€ HT, dont 5000€ de béton.
La vente de surplus conditionne le retour sur investissement
Selon les calculs de Gilles Beaujean, et en partant d’un prix pour l’électricité du réseau à 20cts/Wc, le retour sur investissement pour une toiture photovoltaïque de 30 kWc s’établit à 10,5 ans. Pour un tracker solaire, ce chiffre monte à 13 ans. La différence s’explique par l’investissement initial, mais également par la possibilité de revente du surplus ou non. Contrairement à une installation photovoltaïque en toiture, le tracker solaire est considéré comme une installation au sol. De ce fait, l’exploitant ne peut pas accéder à la revente de son surplus à EDF au prix fixé par décret, soit 7,81 cts/Wc sur 20 ans lorsque le conseiller a réalisé son calcul. « L’exploitant peut choisir de vendre son surplus sur le marché privé au prix SPOT. Mais en aucun cas, il n’est assuré de vendre à 7.8 cts/Wc » analyse-t-il.
Réfléchir à leur entretien
Dans les deux cas, les installations solaires nécessitent un entretien annuel pour conserver leur efficacité. Pour autant Gilles Beaujean met en garde contre les frais d’entretien de l’ensemble du mécanisme du tracker solaire. « Ce qui n’est pas pris en compte, c’est l'entretien de la partie en rotation. Ce sont des pièces en mouvement avec une usure possible due aux vibrations du vent » détaille le conseiller.
Attention au statut de l’exploitation
Les exploitations agricoles type Gaec, Scea ou Earl doivent être très vigilantes lors de la mise en œuvre d’une installation de production d’électricité car elle peut avoir un impact sur le statut juridique et fiscal de l’entreprise. Une installation en toiture est tolérée jusqu’à 100 000€ de revente d’électricité ou une part inférieur à 50 % du chiffre d’affaire. Pour les trackers solaires considérés comme installation solaire au sol, cette tolérance ne s'applique pas. « Souvent c’est un point qui n’est pas abordé par le vendeur et que l’exploitant découvre ensuite. Il faut absolument consulter un juriste lors du montage du projet » insiste Gilles Beaujean.
Quel impact sur les animaux ?
Les ondes émises par les panneaux photovoltaïques sont quasi nulles à une distance d’un mètre. Un risque inexistant donc pour les trackers solaires et minimes pour les installations en toiture. « Vu la hauteur des bâtiments, il y a peu de risque que cela impacte les animaux. Par contre les ondes émises par les onduleurs peuvent être plus problématiques. Il faut prévoir de les placer à l’extérieur » souligne Gilles Beaujean. Concernant les courants parasites, le conseiller préconise l’intervention d’un géobiologiste en amont quel que soit le projet. « Si vous installez un tracker solaire sur une faille liée aux bâtiments, vous aurez les mêmes problèmes qu’une installation en toiture mal réalisée » relève-t-il.