Moissons d'automne : des conditions de récolte rarement vues

Récolter coûte que coûte, tel est le mot d’ordre des frères Pasquereau, gérants de l’ETA éponyme à Tauxigny. Choix et équipement des moissonneuses sont déterminants cette année. Témoignage.

Interminable. C’est l’un des termes qui caractérise le mieux cette récolte automnale. En ce milieu de semaine, près de 50 % des tournesols que doit récolter l’ETA Pasquereau sont encore sur pied, à l’image de ce qui se passe dans tout le département. 

« Et d’ici une quinzaine de jours, il ne sera plus envisageable de les récolter car la pourriture sera omniprésente », prédit Benoit Pasquereau, l’un des deux gérants. Quant aux millets, « la grande majorité est récoltée sur le secteur. Mais plus de 90 % des sorghos sont encore dans les champs, faute de maturité suffisante. »

 «Nous devons adapter des têtes de récolte sur nos machines les plus légères pour tenter de passer dans les champs », poursuit-il. En effet, bien que disposant d’un débit de chantier moindre, les machines les moins lourdes dotées de ferraille moins épaisse sont privilégiées cette année. 

"Nous devons adapter des têtes de récolte sur nos machines les plus légères pour tenter de passer dans les champs"

Avec une clientèle composée essentiellement d’éleveurs, le parc comprend principalement des machines à secoueurs. « Nous avons deux machines un peu âgées dotées de cinq secoueurs. Plutôt petites, leur poids est compris entre 10 et 12 tonnes, soit moitié moins que la masse de la plus grosse machine du parc, équipée d’un rotor. Nous les avons équipées en urgence de chenilles pour tenter de ramasser ce que nous pourrons », glisse Benoit Pasquereau.

DES CHENILLES PLÉBISCITÉES 

Face à ces difficultés de récolte, le marché de la chenille a flambé en quelques semaines. « Les annonces de chenilles d’occasion ne restent pas longtemps », remarque le gérant. D’autant que les délais de livraison et les coûts de ces équipements chez les concessionnaires sont prohibitifs. Pour tenter de récolter le maximum de cultures, ils ont opté pour des chenilles en acier. Pour des raisons de coût, mais aussi de débourrage. « En cas de sols très gras comme c’est le cas cette année, la boue se dégage plus facilement des modèles en acier », explique-t-il. Mais comparé au modèle caoutchouc, deux inconvénients majeurs sont à relever : impossible de dépasser les 8 km/h. Autant dire que les trajets routiers, même si l’organisation des chantiers est optimisée, sont longs et laborieux. A cela s’ajoute la robustesse de l’acier qui peut entrainer des dégradations sur la voirie.

"Les annonces de chenilles d’occasion ne restent pas longtemps"

Nécessité aussi de l’année, disposer de machines quatre roues motrices. « Ce n’est pas le cas de tous les modèles dont nous disposons, mais c’est un paramètre indispensable pour éviter l’enlisement », signale Benoit Pasquereau.

La récolte des maïs grains inquiète moins l’entrepreneur. « C’est une plante moins sujette à la pourriture. » Mais il reste des maïs ensilage à ramasser. Sur ce point, il est plus inquiet. « Même si nous équipons une ensileuse de chenilles, les clients ne pourront pas la suivre au champ avec des tracteurs à pneus. Certes, nous pourrons toujours les valoriser en grains plus tard, mais les éleveurs concernés risquent de manquer d’aliments pour leur cheptel », déplore-t-il. 

 UNE GESTION DE  LA MAIN-D’ŒUVRE DÉLICATE 

Autre souci majeur, la gestion des plannings. Avec deux salariés et des créneaux d’intervention très courts dans les champs, difficile de se projeter sur l’avancement des chantiers de récolte. « Nous sommes beaucoup à l’atelier en ce moment », soulève l’entrepreneur. Agronomiquement aussi cette récolte laissera des traces. « Même équipées de chenilles à l’avant, nos moissonneuses, quoiqu’assez légères, matraquent les sols. Nous les déstructurons inévitablement. Mais la priorité reste de récolter, insiste Benoit Pasquereau. Nous devons aller chercher les euros que les agriculteurs ont investis durant toute la campagne et qui actuellement sont toujours dans les parcelles. C’est aujourd’hui notre priorité ! » En parallèle des outils de récolte, il prépare des jumelages pour aller semer les céréales.