Moissons : actualité et météo perturbent les récoltes

Le début des récoltes a commencé dans plusieurs régions de France et les premières coupes sont décevantes. Inquiétude et amertume marquent le début de cette nouvelle campagne.

La campagne de blé 2024-2025 semble mal partie. Automne pluvieux, baisse des surfaces, terres boueuses empêchant le travail et le traitement dans les champs, sans oublier le manque de rayonnement... Décidément, la fin de 2023 et l’année 2024 auront pesé sur le moral de nos agris

Entendus lors des manifestations, les agriculteurs ont été le fer de lance des campagnes législatives mais ils ont très vite été oubliés dans les professions de foi des candidats. A cela s’ajoute un climat politique instable où mesures et promesses du gouvernement sont désormais en suspens. Les faibles rendements estimés risquent encore d’alimenter les crispations des agriculteurs. Si certains s’en tireront mieux que d’autres, ce n’est pas cette année que la trésorerie sera bonne. L’avenir des agriculteurs est on ne peut plus incertain.

Espoir pour les uns, petites récoltes pour d'autres

Les moissons ont démarré dans l’hémisphère nord. En mai dernier, les premières estimations pour la campagne en blé tendre ont été revues à la baisse pour la Russie et l’Ukraine car les deux pays ont successivement subi la sécheresse et le gel. Mais en Russie, seulement 11% des surfaces ont été récoltées. Pour l’instant, le rendement n’est pas aussi mauvais que prévu. Ce vendredi 5 juillet, la cotation Euronext échéance septembre 2024 est à 225,50 € la tonne. S’il y a des espoirs de ce côté-ci du globe, il y en a moins sur la face ouest Atlantique.

En France, les premières coupes sont décevantes

Comme on peut s’y attendre, avec l’excès d’humidité, les résultats ne sont pas bons pour l’orge d’hiver”, se désole Sylvain Jessionesse, agriculteur et co-fondateur de “Piloter sa ferme” avec qui Pleinchamp collabore. “On pourrait s’attendre à une baisse de - 15% à 20% par rapport à la moyenne quinquennale, ajoute Xavier Cassedanne, expert filière grandes cultures pour le Crédit Agricole. Il y a de fortes similitudes avec les conditions climatiques de l’année 2020. Le volume de blé national a été de 29,2 millions de tonnes”.  Aujourd'hui, 29 et 30 millions de tonnes sont estimées. Risques de récoltes décalées pour le blé et le colza, pluies et orages encore au rendez-vous la semaine prochaine en France, c’est de pire en pire ! Et pour couronner le tout, la menace fongique plane.

Une météo capricieuse mais pas si anormale

Record de pluie et moral en berne, pour une fois la météo n’est plus le seul souci des agriculteurs. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, depuis la mi-octobre 2023, le pays renoue avec son climat océanique avec des étés frais et humides et des saisons peu marquées, explique le météorologue Nicolas le Friant, "Il n’est plus bloqué par le climat de type “tropical”, auquel nous nous étions rapidement habitués depuis 2017”. La météo ne reposant pas sur un système prédictible, il n’est donc pas possible de jouer les "madame Irma", mais une chose est sûre, le réchauffement climatique est bien là. Les hivers sont de plus en plus doux et les étés riment désormais avec canicules. Il va falloir composer avec. Autre conséquence, les situations de blocages anticycloniques seront sans doute plus fréquentes et durables, comme celles d’août 2021 à mi-octobre 2023, favorisant des périodes plus ou moins longues de sécheresse. Encore des bâtons dans les roues pour les agriculteurs !     

Politiciens, les législatives se terminent, les jeux sont faits mais ayez en tête que la période 1787-1788 a été marquée par une météo compliquée : automne pluvieux, printemps chaud et orages et grêle en été. Elle n’a pas déclenché la révolution mais elle y a contribué. Aujourd'hui, les agriculteurs ne risquent pas de conduire leur tracteur en ville puisqu’ils attendent impatiemment de rouler dans les champs.  Mais ils espèrent qu'ils ne seront pas les grands oubliés de l'agitation politique de ces dernières semaines.

Agriculteurs, climato-dépendants, quelques solutions à long terme peuvent être mises en place pour protéger les cultures des pluies et de la sécheresse - quand c’est possible - : haies, diversification de cultures, bande enherbée en bas de champs… Et tout n’est pas joué pour la campagne 2024-2025, il y a encore de l’espoir !