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Le porc plus rare, plus cher, et couvrant tout juste la consommation nationale
Entre 2020 et 2023, en dépit d’une baisse de la consommation, le taux d’approvisionnement est passé de 107,3 à 100, sous l’effet de la contraction du cheptel. La tension sur l’offre, en France mais aussi dans l’UE, a fait bondir le prix moyen à 2,27€/kg, en hausse de 19,6% en un an. Le déficit commercial se creuse.
Dans le secteur de la viande, la réduction de l’offre constitue-t-elle un pis-aller pour mieux rémunérer les éleveurs ? Les chiffres relatifs à l’année 2023 semblent accréditer cette hypothèse, déjà vérifiée dans le secteur de la viande bovine et de la viande ovine. Et selon une synthèse conjoncturelle d’Agreste, le service statistique su ministère de l’Agriculture, la viande porcine emboite le pas.
Alors que la production, en nombre de têtes et en tonnes équivalent-carcasse, s’est contractée respectivement de 5% et 4,3% en 2023, le prix moyen s’est établi à 2,27€/kg, en hausse de 19,6% en un an. A deux reprises, le cours a même dépassé le seuil historique de 2,50€/kg.
Moins de porcs, moins de truies
Après une baisse de 2,2% en 2022, la production porcine française a reculé de 5% en 2023 pour s’établir à environ 22 millions de têtes. Au cours des deux décennies passées (2002-2023), la production a baissé en moyenne de 0,8% par an, en lien avec la baisse du nombre de truies, de 2,2% par an en moyenne sur la période (852.000 têtes en 2023). En ce qui concerne la production de viande, elle enregistre une baisse de 4,3% en 2023, succédant à une baisse de 3% en 2022.
Plus de kilos et plus de porcelets
Deux facteurs limitent néanmoins l’offre de viande porcine, à commencer par l’allongement de la durée d’engraissement qui couplé au développement des techniques d’élevage a permis d’augmenter de 6 kg en vingt ans le poids moyen de la carcasse du porc charcutier entrées en abattoir. L’alourdissement des porcs charcutiers compense ainsi pour moitié la diminution du nombre de porcs abattus. Par ailleurs, la prolificité des truies a significativement progressé, avec en moyenne un gain de 2,7 porcelets sevrés par truie par an durant la dernière décennie.
La production alignée sur la consommation
Entre 2020 et 2023, le taux d’approvisionnement (rapport de la production sur la consommation) est passé de 107,3 à 100 alors que la consommation de porc s’érode d’année en année. En 2023, la baisse atteint 3% pour s’établir à en moyenne à 30,6 kilogrammes équivalent carcasse, une tendance qui affecte les autres viandes, à l’exception du poulet.
Le déficit commercial se creuse
En 2023, les exportations en volume de viande porcine (y compris graisse) reculent pour la deuxième année consécutive, à -7,5% (-5,9% en 2022). Les importations suivent la même tendance, avec -5,8% (+5,8% en 2022). En valeur, pour la seconde année consécutive, le déficit des échanges continue à se dégrader, passant de 365 millions d’euros en 2022 à 551 millions d’euros en 2023.
Les prix s’envolent
Sous l’effet d’une situation tendue de l’offre, le prix moyen s’est établi à 2,27€/kg, en hausse de 19,6% en un an. A deux reprises, le cours a même dépassé le seuil historique de 2,50€/kg. Un constat valable à l’échelle de l’UE, la hausse des cours s’élevant en moyenne de 21,8% dans les principaux pays producteurs que sont l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark. Selon Agreste, la décapitalisation du cheptel porcin est moins marquée dans l’UE (-1,1%) qu’en France (-5,0%). En 2023, le cheptel porcin de l’Union européenne diminue de 1,1%, après avoir reculé de 1,6 % chaque année en moyenne entre 2018 et 2022. La contraction des cheptels ralentit en Allemagne et au Danemark, tandis qu’elle accélère en France (-3,2%) et aux Pays-Bas (-3,1%). Quant à l’Espagne, elle perd 0,8% de ses effectifs en un an. À l’inverse, les cheptels italiens et polonais se démarquent par une augmentation de leurs effectifs.