- Accueil
- La récolte de blé tendre estimée à 25,1Mt, la plus faible depuis 40 ans
La récolte de blé tendre estimée à 25,1Mt, la plus faible depuis 40 ans
La moisson 2024 s’annonce comme la plus faible depuis 1983, avec un rendement moyen de 59,3 q/ha, selon une estimation du cabinet spécialisé Argus Media France, basée sur un échantillon représentatif de 80% de la sole. Sur un an, la production de blé tendre chuterait de 28,3% et le rendement moyen de 19,6%.
Pire que 2016, dernier mauvais souvenir en date pour les céréaliers, avec à l'époque une récolte de 27,6Mt et un rendement moyen de 53,7q/ha : selon les prévisions du cabinet spécialisé Argus Media, représentatives de 80% de la sole nationale de blé tendre, la récolte 2024 s’établirait à 25,1Mt, la plus mauvaise jamais enregistrée depuis 1983. En 2023, la France avait produit 35Mt de blé tendre.
Le rendement moyen s’afficherait à 59,3q/ha (contre 53,7q/ha en 2016), soit une chute de 18,7% par rapport à la moyenne quinquennale 2019-2023 et 19,6% par rapport à 2023 (73,8q/ha). « Des exploitations agricoles aux exportateurs, en passant par les collecteurs, les industriels et les transporteurs, l’ensemble de la filière céréalière française devrait souffrir des conséquences de cette chute historique de production de 9,9 Mt sur un an », déclare dans un communiqué Gautier Le Molgat, directeur d’Argus Media France.
Des aléas météorologiques en chaine
La prévision d’Argus Media s’avère beaucoup plus faible que celle formulée par Arvalis début juillet, à la veille de la moisson, et qui évoquait un rendement moyen de 64q/ha. L’institut technique évoquait « une des campagnes les plus compliquées à gérer sur une période aussi longue », évoquant un enchainement d’aléas météorologiques tous aussi défavorables les uns que les autres, avec des pluies régulières et continues du semis jusqu’à la récolte (+40% en moyenne en France par rapport aux 20 dernières années), une forte pression des adventices et des maladies, et pour finir, une baisse du rayonnement affectant une grande partie du territoire (-7% en moyenne sur la France par rapport aux 20 dernières années et jusqu’à -15%). Outre la baisse du rendement moyen, l’érosion des surfaces (4,2Mha, -10,7% sur un an) explique la chute de 28,3% de la production par rapport à 2023.
« Au-delà des rendements, les pluies successives ont également affecté la qualité des blés, ajoute Gautier Le Molgat. Elle ressort comme très hétérogène à travers le pays, notamment en termes de poids spécifique. Un important travail du grain devrait toutefois permettre de répondre aux attentes qualitatives des débouchés les plus exigeants malgré un volume fourrager important ».
Les céréaliers sur le qui-vive
Par la voix de l’AGPB, les céréaliers ont tiré la sonnette d’alarme dès la fin juillet en formulant auprès des pouvoirs publics plusieurs doléances, à l’occasion de la visite de Marc Fesneau, ministre (démissionnaire) de l’Agriculture, dans une exploitation d’Eure-et-Loir. Les céréaliers demandent notamment une exonération de 50% de la dotation pour épargne de précaution (DEP), une diminution de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), une prise en charge des pertes à 100% pour les agriculteurs ayant contracté une assurance multirisque climatique (MRC), l’activation des indemnités de solidarité nationale (ISN), le report d’annuités bancaires et le rééchelonnement des plans de remboursements en concertation avec l’Etat et les banques.
Le ministre de l’Agriculture avait renvoyé au « bilan à l’issue des moissons » pour faire des annonces concrètes. Les prochaines estimations de rendement du ministère de l’Agriculture sont attendues dans les jours à venir.