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La production de pommes de terre en chute de 20%, selon l’UNPT
Face à ce qui s’annonce comme l’année la plus « noire » depuis 2000, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) en appelle aux acteurs économiques et à l’Etat pour compenser un préjudice estimé à 200 millions d’euros dû aux chaleurs extrêmes et à la sécheresse.
« Les derniers prélèvements, à date, confirment la dégradation historique des rendements nationaux d’au moins -20% par rapport à la moyenne des vingt dernières années, soit 1,5 million de tonnes perdues, l'équivalent de 40 000 ha. Cette perte moyenne pourrait même atteindre à minima -30% pour les pommes de terre non-irriguées, avec des extrêmes déjà relevés à -50% ». Tel est le cri d’alarme lancé par les producteurs de pommes de terre. Si la campagne avait bien commencé, à la faveur de conditions météo propices, les chaleurs extrêmes corrélées à la sécheresse « ont littéralement stoppé le développement des tubercules. Ni les précipitations, ni la douceur des températures à venir ne pourront maintenant inverser cette tendance », prévient l’UNPT.
Des restrictions d’irrigation pénalisantes, mais aussi la chaleur
Comme d’autres cultures irriguées, la pomme de terre a fait les frais des restrictions à l’irrigation décrétées par arrêté préfectoral. « L’impact est très variable d’un bassin à l’autre, déclare Loïc Le Meur, chargé de mission des affaires techniques et économiques à l’UNPT. Dans certaines zones, les arrêtés sont intervenus très tôt. Les producteurs sont aussi aux prises avec des politiques de quota dans certains départements. Le pilotage de l’irrigation n’a pas été aisé. Si l’on avait su qu’il allait falloir composer avec peu d’eau, les irrigants auraient sans doute géré de manière différente. Au-delà du manque d’eau, la chaleur extrême semble avoir posé des problèmes préalables. Nous attendons des éclaircissements de la part des experts en physiologie, car avec la récurrence des évènements de ce type-là, il ne faudra pas se tromper de réponse ».
Appel aux acteurs économiques et à l’Etat
Les producteurs, et particulièrement ceux livrant à l’industrie et aux féculeries, s’attendent à une année « noire » et se préparent à essuyer de très importantes pertes financières pouvant se chiffrer, selon les premières estimations de l’UNPT, « à plus de 200 millions d’euros pour la production ». L’UNPT appelle dès à présent à « la revalorisation des prix payés aux producteurs et une meilleure répartition de la valeur ajoutée notamment avec la grande distribution, à l’assouplissement contractuel des volumes engagés non livrés par les producteurs et à l’amorce rapide d’une réflexion sur la mise en place d’un dispositif d’aide d’Etat exceptionnel visant à soutenir financièrement les producteurs et les inciter à poursuivre cette production ».
Réunion d’urgence
Très peu nombreux à y recourir, les producteurs de pommes de terre ne pourront pas compter sur l’assurance récolte. « On attend de ce qui pourra émerger du Varenne de l’eau et des nouveaux mécanismes d’imbrication des parties publiques et privées », indique Loïc Le Meur .
L’UNPT demande une réunion d’urgence auprès du ministre de l’Agriculture afin de faire le point sur la situation filière par filière (frais, industrie, fécule) et « engager les premières mesures de court et moyen terme qui permettront à la France de conserver son rang de premier exportateur mondial de pommes de terre, un rang stratégique pour la défense de la souveraineté alimentaire nationale et européenne (...). Les producteurs ne prendront pas seuls la responsabilité des pertes exceptionnelles engendrées par cet épisode climatique hors norme », avertit l’UNPT.
Selon l’UNPT, les emblavements en pommes de terre de conservation s’élèveraient à 152 520 ha en 2022 contre 151 040 ha en 2021, soit une hausse de 1,0 %.