La conservation des grains, l'autre chantier de la moisson

La conservation des grains exige une ventilation de refroidissement des grains à l’air ambiant, assortie d’un suivi assidu de la température des stocks. En préalable, le pré-nettoyage des grains à la réception est fortement recommandé pour optimiser la ventilation.

Préparation de l’installation : nettoyage du matériel et des bâtiments

Le matériel doit être propre, qu’il s’agisse de la trémie de la moissonneuse-batteuse (vider correctement avant la récolte), des bennes et du matériel de manutention des grains. Le grain arrivera dans des bâtiments propres. Les insectes ne viennent pas des champs mais des installations de stockage, d’une campagne à l’autre. Ils se concentrent là où il y a de la poussière, des brisures... Pour éviter leur présence, il faut veiller à nettoyer l’intérieur et l’extérieur des parois de cellules, des cases et si possible la charpente, surtout si elle est en bois et à aspirer puis détruire immédiatement les poussières et déchets végétaux. Il faut soigner particulièrement le nettoyage du sol des cases à plat afin d’éliminer tout risque de contamination du grain par des traces de terre, de gazole, d’huile...

Réception des grains

Les grains doivent être stockés propres et échantillonnés. Outre le réglage de la moissonneuse-batteuse, il faut récolter des grains mûrs (pas de grains verts) avec une humidité inférieure à 15% pour les céréales à paille et les protéagineux et à 9% pour les oléagineux. Cela limite le risque d’échauffement des masses de grains, condition favorisant le développe-ment des ravageurs. Il faut également pré-nettoyer le grain avant le passage dans le séchoir. L’élimination des grosses impuretés humides entraîne une économie de combustible de l’ordre de 3% pour 1% de déchets enlevés.

Triage et nettoyage

Pour optimiser le refroidissement des grains et limiter le risque insectes, il est important de stocker des grains propres. Les prénettoyeurs qui utilisent comme principe l’aspiration d’air au travers du flux de grains, pour éliminer les poussières et les impuretés légères, réalisent un travail souvent suffisant pour les céréales à paille. L’utilisation d’un nettoyeur séparateur à grilles planes inclinées ou d’un nettoyeur calibreur rotatif à grilles cylindriques inclinées donne aussi de bons résultats.

Séchage

Pour les grains récoltés humides, le séchage s’avère indispensable. Il faut nettoyer le séchoir entre chaque espèce, pour éviter les risques de contamination entre grains et pour limiter le risque d’incendie entre les oléagineux et les autres grains. Il faut aussi récolter la quantité équivalente au débit du séchoir pour éviter le préstockage du grain humide. Le prénettoyage permet d’éliminer les grosses impuretés humides et d’économiser de l’énergie.

Refroidissement

C’est l’abaissement de la température des masses de grains qui est à privilégier pour lutter contre les insectes. Il faut faire chuter le plus rapidement possible la température du grain de 30-35°C à 20-22°C. A partir de 20°C, le risque de développement des insectes diminue et la durée de bonne conservation du grain s’allonge. Ventiler quand l’écart de température entre l’air extérieur et le grain est compris entre 7°C et 10°C. Au-dessus il y a des risques de condensation, en dessous l’efficacité de la ventilation est limitée. En automne, dès que les nuits sont plus froides, réaliser systématiquement un second palier de ventilation pour faire chuter la température du grain en dessous de 12°C.

Lutte contre les prédateurs

La lutte contre les oiseaux s’opère par l’obturation des ouvertures et l’installation de bâches.  L’élimination des rongeurs est plus délicate Pour les éviter, il faut entretenir les abords des bâtiments, les rongeurs n’aimant pas les endroits dégagés. Eliminer tout ce qui peut servir (tas de bois, ferraille, vieux matériel...), obturer les orifices, disposer des nasses et des appâts anti-coagulants inaccessibles aux autres animaux.