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L’Inde, nouvel acteur majeur des exportations de blé : situation conjoncturelle ou structurelle ?
Suite à de bonnes récoltes ces dernières années, l’Inde a surtout retenu notre attention sur sa nouvelle position en tant qu’exportateur en particulier depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine. En effet, et dès le mois de mars 2022, l’absence de l’Ukraine sur les marchés à l’export a été compensée en partie par… le blé indien avant que le gouvernement indien ne prenne la décision de stopper les exportations en mai dernier.
En ces temps incertains en matière de disponibilités des matières premières agricoles destinés à l’exportation, il est opportun de bien comprendre ce qui se passe en Inde, car force est de constater que cet immense pays fait parler de lui en tant qu’exportateur depuis deux campagnes.
Cette situation est étonnante car nous étions surtout habitués à voir l’Inde comme le 2e producteur mondial de blé après la Chine (graphique ci-dessous) et surtout ayant une population de plus en plus nombreuse à nourrir.
À la faveur de bons rendements et sans évolution substantielle des surfaces ces dernières années (même si c’est en Inde qu’on retrouve le plus de surfaces dédiées à la culture du blé au monde avec 29-30 millions d’hectares), la production de blé a tout de même augmenté d’environ 20 millions de tonnes depuis 2010. Cela a permis au pays de constituer des stocks stratégiques non négligeables représentant plus de 20 %, en moyenne, de la consommation.
Mais à y regarder de plus près, l’Inde a bien mis en place une véritable politique de constitution de stocks confirmant que ce pays ne peut pas être régulièrement présent sur le marché à l’export. Par contre et par opportunisme, il prend le statut d’exportateur souvent lorsque les prix des grains sont élevés comme le montre le graphique 2 notamment lors de la campagne 2012/13 et les campagnes les plus récentes où les exportations ont dépassé les 5 millions de tonnes. La décision récente (mi-mai 2022) du gouvernement indien de stopper les exportations pour limiter la hausse des prix sur le marché domestique et de préserver la sécurité alimentaire intérieure ne paraît pas intransigeante, car l’Inde reste malgré tout à l’écoute des besoins des pays les plus proches, le Pakistan en particulier.
Cela dit, cette décision a fait polémique et a fait flamber les prix pour atteindre un niveau inédit à 438 euros la tonne. Concilier sécurité alimentaire et exportations devient une équation difficile, surtout dans un contexte de réchauffement climatique où l’offre devient de plus en plus à géométrie variable y compris en Inde. En effet, selon le Climate Risk Index, l’Inde est aujourd’hui le septième pays le plus affecté au monde par le changement climatique.
Un article de PRISME : L’analyse de la conjoncture et de l’actualité agricole et agroalimentaire - Octobre 2022