L’agriculture du Bénin a les moyens de prospérer

Éleveur de volailles, de porc, de lapin, et maraîcher, Duince Ahossouhe est aussi président du Collège des jeunes agriculteurs du Bénin. Il était en déplacement en Vendée début novembre, invité par l’Afdi. Échange.

Pourquoi avez-vous voulu devenir agriculteur ?

Duince Ahossouhe : L'agriculture a toujours été une passion. Je suis allé au collège d'enseignement technique agricole et dès mes premiers stages en entreprise, je me suis rendu compte que je n'étais pas destiné à être salarié, que je devrais créer ma propre entreprise. Quand j'ai fini le lycée et puis l'université, je me suis installé avec l’envie d'avoir une diversité de production pour pouvoir vivre de mon métier. J’ai commencé par vendre du charbon pour gagner de l'argent afin d'acheter 0,3 ha. Pour réaliser mon installation, j’ai également loué 0,5 ha. Aujourd’hui, l’exploitation est donc de 0,8 ha, sur laquelle je produis des volailles, du porc, des lapins et des légumes. Au Bénin, vous êtes obligé d'avoir une diversité pour ne pas tout perdre en cas de maladie ou de spéculation. L'autre avantage de la diversification, c'est que nous utilisons les produits issus de nos productions. Par exemple, j'utilise des déjections animales pour produire des légumes et si je ne vends pas tous les légumes, je les utilise pour nourrir les animaux. 

Dans votre exploitation, avez-vous des salariés ?

D. A. : J'ai deux salariés permanents qui travaillent avec moi mais tout au long de l'année, j'ai des occasionnels dont le nombre varie entre dix et quinze. 

Quels sont vos débouchés ?

D. A. : Pour beaucoup le marché local. Nous arrivons à commercialiser la plupart de nos produits sauf deux productions qui sont fortement concurrencées par les importations. C'est le cas notamment des volailles qui sont concurrencées par les importations en provenance du Brésil et de la France. L'agriculture chez nous est un peu plombée par les importations. Notre gouvernement a pris la décision de limiter un peu les importations de volaille à partir du mois de décembre. Nous espérons que cette décision sera appliquée pour soulager un peu la peine des producteurs de volaille. 

Vous avez aussi des responsabilités en tant que président du Collège des jeunes agriculteurs du Bénin. Pourquoi vous êtes-vous engagé ?

D. A. : Pour la sauvegarde de notre métier. Nous n’avons pas de statut d'agriculteur. Encore moins pour les jeunes agriculteurs. Par exemple, ça suppose que les agriculteurs n'ont pas de retraite. Nous avons aussi des difficultés autour de la production notamment la terre, le financement, les intrants et beaucoup d'autres choses. Alors nous nous sommes réunis en groupe pour faire du lobbying et défendre les intérêts des agriculteurs. On a mis en place au départ une petite association qu'on appelle l'association des jeunes agriculteurs modernes du Bénin. D’abord pour et par des jeunes qui ont fait des lycées et universités agricoles mais après, on s'est rendu compte que sur le territoire national, il y avait d'autres organisations de jeunes qui n'ont pas forcément fait des études agricoles. Nous avons donc décidé de regrouper toutes ces organisations en un seul collège, celui des jeunes agriculteurs du Bénin dont j’ai pris la présidence. Aujourd’hui, le collège réunit plus de 15 000 jeunes agriculteurs âgés de 18 à 40 ans qui s'investissent activement dans la production et dans la transformation. 

Pourquoi êtes-vous en France en ce moment ? 

D. A. : Le collège des jeunes agriculteurs est en partenariat avec Afdi national. C'est ce qui justifie ma présence ici. Je suis venu pour voir à quoi ressemble l'agriculture française, me rendre compte des défis auxquels les jeunes agriculteurs français sont confrontés, copier ce qui est bon pour les transposer chez nous. 

Ferez-vous un retour de ce que vous avez vu en rentrant ?

D. A. :  Oui, déjà au niveau du conseil d'administration. Il y aura une restitution et ensuite nous avons plein de documentation, nous avons pris des images, des vidéos que nous allons partager.

Comment voudriez-vous que l’agriculture de votre pays évolue ?

D. A. : En Afrique et particulièrement au Bénin, nous avons du potentiel et nous avons plein de terres cultivables, des terres arables sont disponibles. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent s'investir dans le secteur agricole et nous pensons que l'agriculture a de l'avenir. Si seulement le gouvernement nous accompagne en réduisant un peu la pénibilité du travail à travers la petite mécanisation et en travaillant également sur la maîtrise de l'eau, je crois que si ces facteurs sont réunis, l'agriculture béninoise prospérera.