[Interview François-Etienne Mercier, vice-président de JA national, est en charge du dossier installation, formation et transmission.

Session nationale renouvellement des générations à Millau, du 1er au 3 février «La session en Aveyron sera une réussite» François Etienne Mercier présente ce qu’est une session nationale RGA et explique les enjeux de cet événement

Pouvez-vous vous présenter ?

F-E. Mercier : « Je suis céréalier en Meurthe et Moselle, sur une exploitation de 135 ha. Je me suis installé en 2012 en reprenant la ferme d’un voisin qui n’avait pas de repreneur. J’ai toujours eu dans l’idée de m’installer sur la ferme familiale mais mon père étant encore en activité, je n’avais pas forcément la place jusqu’à cette belle opportunité que j’ai saisie.

Depuis quand êtes-vous engagé à JA ?

F-E. Mercier : Des amis agriculteurs voisins adhéraient à JA et m’en ont parlé. Je me suis d’abord engagé pour la convivialité ! Puis j’ai eu l’occasion d’intégrer le conseil d’administration JA de mon département. Personnellement j’ai pu m’installer avec les aides mais un jeune m’a fait part de son impossibilité de bénéficier des aides ayant été salarié sur la ferme sur laquelle il voulait s’associer et ayant déjà créé un atelier. J’ai remonté cette problématique au moment de la réécriture des règles à l’installation et elle a été entendue, ce jeune a pu s’installer avec les aides. C’est cette possibilité de faire bouger les choses qui m’a encouragé à m’engager sur ce dossier de l’installation car JA est un interlocuteur reconnu en la matière. J’ai travaillé pendant le dernier mandat au sein du groupe national installation à JA et j’en ai pris la responsabilité depuis un peu plus d’un an.

A quoi sert la session nationale JA Renouvellement des Générations Agricoles ?

 F-E. Mercier : La session RGA réunit les responsables départementaux de toute la France en charge de l’installation pour confronter nos visions, travailler collectivement dans ce domaine, avec l’appui d’experts extérieurs afin d’aboutir à des positions. Les deux jours de la session sont denses mais nous n’oublions pas les moments de détente en soirée notamment qui nous permettent de poursuivre les échanges. Grâce au réseau JA, nous bénéficions de nombreux retours d’expériences pour faire évoluer nos systèmes respectifs, nos exploitations pourquoi pas... et pour partager notre façon de vivre notre engagement à JA.

Quel sera le thème de la session 2022 ?

 F-E. Mercier : Cette session sera tournée sur la formation des jeunes et de notre réseau. Lors de notre dernière session nationale qui s’est tenue en visio en raison de la crise sanitaire en 2021, nous avons créé un outil que nous avons baptisé « Point Accueil Formation Installation Transmission ». Ce PAFIT remplacerait à terme à la fois le Point Accueil Installation et le Point Accueil Transmission. Il accompagnerait les agriculteurs à la fois pendant les deux moments charnières de l’installation et de la transmission mais aussi tout au long de leur carrière. Dans un métier qui évolue sans cesse, nous avons besoin de nous former tout au long de notre carrière. Ce PAFIT nous permettrait de réaliser des points réguliers avec des conseillers afin de nous orienter vers les formations dont nous avons besoin. Pourquoi pas un entretien 5 ans après l’installation, puis tous les 10 ans par exemple en fonction des attentes de chacun...

En quoi consiste ce nouvel outil d’accompagnement ?

 F-E. Mercier : Cette session 2022 va justement nous permettre de construire ce Point Accueil Formation Installation Transmission, de travailler à son déploiement et à son amélioration. L’idée est partie du réseau JA mais nous voulons que le PAFIT soit multi-partenarial en lien avec tous les acteurs de l’installation, de la transmission, de la formation. Il y a bien sûr les installations aidées mais aussi tous les autres dispositifs et structures. Notre envie est de travailler en complémentarité et non en concurrence au service des porteurs de projet et des agriculteurs. Il y a une multitude de porteurs de projets avec tous des projets différents, l’ambition est de les accompagner du mieux possible, de répondre à leurs attentes afin d’assurer le renouvellement de nos générations d’agriculteurs. D’ici 2027, la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite : nous n’avons donc pas le choix de nous entraider entre tous les experts de l’installation pour être encore présents demain ! Si on veut installer massivement demain, nous devons créer des alliances entre nos structures. D’ailleurs dans quelques départements, dont l’Aveyron, ce travail partagé entre structures (JA, Chambre d’agriculture, ADASEA) fonctionne très bien et fait ses preuves.

Comment va se dérouler cette session ?

F-E. Mercier : Nous démarrerons dès le mardi 1er février à 14h en proposant une grande séquence sur le travail en réseau. Ce sera l’occasion de faire le tour des actualités et d’écouter aussi les questions de chacun. Nous réaliserons aussi une rétrospective de tout ce qui s’est passé en 2021.

De plus, 2022 est une année élective pour notre réseau JA, du coup nous allons accueillir un certain nombre de nouveaux venus qui découvrent leur premier mandat sur le renouvellement des générations. Nous sommes là pour les y préparer en favorisant les échanges avec les « plus anciens » ! Nous leur proposerons ainsi plusieurs petites formations sur le lobbying (arriver à faire passer les messages au sein de notre réseau JA et auprès des pouvoirs publics et divers interlocuteurs), sur le travail en équipe et sur la mobilisation autour du RGA, un dossier conséquent qui peut faire peur quand on est un nouvel élu.

Ce type de formations que nous proposerons avec l’IFOCAP, est demandé depuis longtemps par nos responsables installation JA, nous souhaitons ainsi répondre à leurs besoins. Cette session sera donc studieuse, avec des temps de travail en petits groupes, en ateliers et des séances plénières sur le dossier RGA et le déploiement de notre nouvel outil PAFIT. Mais JA c’est aussi la convivialité.

Notre session est l’occasion d’échanger avec des JA de toute la France, de se retrouver entre responsables installation, nous donner des nouvelles de nos fermes et de nos familles. C’est important dans la vie de notre réseau. D’apprendre aussi et de pousser les positions JA devant les représentants du ministère de l’agriculture. A priori Julien Denormandie échangera avec nous en visio-conférence pendant notre session. Et nous n’oublions pas aussi les représentants des Régions de France qui gèrent désormais la nouvelle construction de la DJA. Nous leur ferons passer nos messages !

Enfin, nous comptons sur les JA de l’Aveyron pour nous régaler et nous proposer quelques animations... dans le respect des mesures sanitaires. Je tiens d’ailleurs à les remercier pour avoir mis tout en œuvre pour que cette session puisse se tenir. Personne n’avait envie de revivre une annulation à la dernière minute.

Bravo aux JA de l’Aveyron pour leur persévérance ! Justement quel regard « national » portez-vous sur les bons résultats installation de l’Aveyron (voir illustration) ?

 F-E. Mercier : Nous regardons de près l’ensemble des départements. Notre rôle est de nous inspirer des réussites des départements leader en matière d’installation pour aider ceux qui sont plus en difficulté. Nous sommes en soutien. Bien sûr nous sommes contents de voir des départements qui fonctionnent bien sur l’installation comme l’Aveyron !

Un département pionnier, qui inspire et motive les autres. Le fait que son responsable installation est aussi en charge de ce dossier à la région Occitanie est une bonne chose pour entretenir cette dynamique. Je suis sûr que cette session sera une réussite parce que l’Aveyron ne manque pas d’idées ! Pour preuve leur initiative autour des podcasts qui a fêté ses 1 an ».

Recueillis par Eva DZ