Indemnisation des dégâts de gibier : « il faut maintenir une pression de la chasse en permanence »

Jean-Michel Duthou est membre de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage et de la commission départementale d’indemnisation de dégâts de gibier. Il fait un point sur les dégâts de grand gibier dans les grandes cultures qui ont augmenté en 2024.

Combien de dossiers de demande d’indemnisation ont été déposés en 2024 ?

Jean-Michel Duthou : les dégâts de grand gibier demeurent un fléau pour les agriculteurs. En 2024, 60 000 quintaux de céréales et de maïs - chiffre provisoire - ont été détruits. 80 ha de maïs avaient été ressemés au printemps. Des prairies ont aussi subi beaucoup de dégâts. C’est plus qu’en 2023, où il y en avait eu pour 51 000 quintaux de céréales et de maïs, ou qu’en 2022, mais moins qu’en 2021 qui avait vraiment été une année catastrophique. En 2023, les récoltes avaient été précoces, donc les cultures ont moins souffert. Le nombre d’agriculteurs concernés augmente en 2024, avec 775 déclarations déposées. Un chiffre qui toutefois n’atteint pas les 910 dossiers de 2021.
Les indemnisations étant indexées sur les cours des céréales, avec un cours du blé à 190 euros/ tonne et celui du maïs à 147 euros/tonne, la Fédération des chasseurs estime provisoirement le coût des dégâts à 900 000 euros en 2024. Un coût supérieur à celui de 2023 (700 000 euros), mais très inférieur à celui de 2022 (1 300 000 euros remboursés) et à 2021 qui voyait les indemnisations grimper à 1 600 000 euros.

Quels sont les espèces de grand gibier les plus à redouter ?

Jean-Michel Duthou : ces dégâts dans les cultures sont à 98 % dus aux sangliers et aux cerfs. Le chevreuil a à son compteur très peu de dégâts ; pour cette espèce, l’année humide a été préjudiciable à la reproduction. En revanche, le sanglier est maintenant partout : en forêt, en plaine et particulièrement de plus en plus dans les couverts végétaux. Le sanglier et le cerf ont changé de comportement depuis quelques années. Le sanglier n’a pas de prédateur et se reproduit très vite.
La profession agricole, dont la FNSEA 18, demande que l’intégralité des territoires soit chassée.
Les secteurs géographiques historiquement à problèmes sont à surveiller, il faut continuer les efforts de régulation. Globalement, les responsables de territoire ont maitrisé les populations, c’est le cas du Val de Loire. On note une prise de conscience et c’est encourageant.

Quelles sont les nouvelles actions mises en place afin de réguler davantage le grand gibier ?

Jean-Michel Duthou :le nombre de bracelets spécifiques aux cervidés a augmenté au vu de la situation, il est porté à 4 000 cette saison. Nous pouvons prélever le sanglier toute l’année, du 1er juin au 31 mars grâce à divers modes d’action et aux plans de gestion.
Tous les moyens mis en place ont leur efficacité, à condition de respecter la règlementation. Nous pouvons les citer. Suite à une sollicitation de la FNSEA 18, du 1er avril jusqu’au 30 juin, pendant les semis de cultures d’été, le tir de nuit est possible sur autorisation du préfet. Cette disposition a été installée cette année 2024 et cela a fonctionné. 57 arrêtés préfectoraux individuels ont été pris, 30 sangliers ont pu être ainsi prélevés. C’est une petite victoire ! Ensuite, il y a les autorisations individuelles, ou battues d’été, délivrées en outre par le préfet, entre le 1er juin et le 14 août. Sinon, la pose de clôtures autour des parcelles a aussi son utilité, si ces dernières sont bien entretenues.
La taxe à l’hectare, sur des territoires irresponsables, instaurée par la Fédération des chasseurs, a fait aussi ses preuves. La pression chasse est toutefois à maintenir afin de réguler le grand gibier. Les échanges avec les chasseurs et les propriétaires afin d’autoriser les louvetiers à intervenir est aussi une piste digne d’intérêt.

Comment déclarer ses dégâts en grandes cultures ?

Jean-Michel Duthou : je sollicite tous les agriculteurs et éleveurs victimes de destruction dans leurs parcelles de déclarer les dégâts de grand gibier. La déclaration est possible sur le site internet de www.chasseurducentrevaldeloire.fr/fdc18, rubrique plan de chasse grands cervidés. C’est indispensable pour pouvoir réviser le classement d’espèces nuisibles et ainsi augmenter la pression chasse.