« Il lait là » : c’est notre lait !

A l’heure où la bio connait des difficultés, les 2000 éleveurs laitiers adhérents de la SAS Biolait réaffirment leur engagement avec le repère « Il lait là ». Nulle contrainte ou condition supplémentaire avec ce logo : il témoigne seulement de ce qu’ils font depuis qu’ils ont rejoint le groupement. Les bouteilles de lait de plusieurs enseignes de la grande distribution l’arborent déjà.

Tout le monde n’a pas la chance d’être vigneron indépendant ou producteur de fromage fermier et de pouvoir mettre son nom ou sa marque, sur le fruit de son travail. Pourtant, cette fierté autour de sa propre production est un sentiment partagé par la majorité des agriculteurs : fierté de produire de l’alimentation pour la société et fierté de le faire selon des méthodes et des principes que l’on juge les plus vertueux.

La plus grosse organisation de producteurs de lait bio française

Les 2000 éleveurs laitiers adhérents à la SAS Biolait ont tous la satisfaction d’avoir choisi le mode de production biologique et de commercialiser leur lait à travers un groupement de type coopératif, transparent et engagé. « Biolait a été un pionnier et a
beaucoup contribué au développement de la bio
», rapporte Ludovic Massard, éleveur à Buléon (56) et administrateur du groupement.
Créé il y a 30 ans, Biolait rassemble des producteurs indépendants et se charge de la collecte et de la commercialisation de leur production : uniquement du lait de vache biologique. Avec 1200 fermes (environ 2000 éleveurs) et 250 millions de litres par an,
la SAS représente, en nombre, la première organisation de producteurs laitiers biologiques en France. Biolait n’a pas de marque propre : depuis ses débuts, elle a fait le choix de n’être qu’une structure de collecte et de livraison, en flux tendu, et de fournir son lait à différents clients, du petit artisan local à la laiterie industrielle : « Nous avons une centaine de clients et aucun ne pèse plus de 20 % de nos volumes » décrit Ludovic Massard.

Le lait des producteurs Biolait se retrouve ainsi dans les bouteilles MDD (marque de distributeur) de Super U, Auchan et Biocoop, mais aussi dans des laits infantiles, dans du chocolat au lait biologique, chez de nombreux artisans locaux, et, bien sûr, dans les produits des adhérents qui ont une activité de transformation à la ferme.

« C’est le moment de réaffirmer nos valeurs »

Au moment où la bio connaît de grandes difficultés, ce qui conduit un tiers du lait bio français à être vendu en conventionnel, les adhérents de Biolait ont souhaité revendiquer de manière plus visible leur attachement à la bio, et à la vision qu’en a leur groupement  : « C’est difficile, mais c‘est le moment de réaffirmer encore plus nos valeurs », confie Jacqueline Menet, éleveuse à Vay (44). C’est ainsi qu’est né « Il lait là », en 2022. Ce n’est pas une marque, mais un « repère », que les utilisateurs du lait de Biolait sont invités à apposer sur leurs produits.

Catherine Perrot
A l’heure où la bio connaît des difficultés, Ludovic Massard et Jacqueline Menet, producteurs Biolait, estiment que c’est le moment de réaffirmer leur engagement

Derrière ce « Il lait là », il n’y rien de plus que les engagements de Biolait, que tous les producteurs suivent déjà. Ils concernent notamment le respect d’un cahier des charges qui va un peu au-delà de celui de l’agriculture biologique avec, par exemple, l’obligation d’acheter des aliments 100 % français, un minimum de surfaces en herbe et de jours de pâturage, une interdiction du chlore dans la désinfection…
Mais l’ADN de Biolait est ailleurs et il est résumé dans l’un de ses slogans. « La bio partout et pour tous ». Concrètement, la SAS collecte du lait bio partout en France, même dans les secteurs les moins laitiers, même pour des petits volumes, même quand cette collecte est peu (ou pas) rentable.

Maintenir de l’activité dans les territoires

« Sans nous, dans de nombreux endroits en France, il n’y aurait plus de collecte laitière. Ce qui veut dire plus d’élevage, plus d'activités et de paysages qui y sont associés », rappelle Ludovic. « Notre principe de mutualisation participe au maillage du territoire, au maintien d’une agriculture paysanne ». La même éthique s’applique à la clientèle : petits et grands clients sont servis partout en France, ce qui contribue aussi à maintenir de l’activité dans les territoires. D’autres valeurs sont importantes dans le groupement. « La transparence est totale », remarque Jacqueline, « on est au courant de tout, les tarifs, les clients, les contrats… Moi qui ai travaillé avant dans le commerce, parfois, je me dis que c’est presque trop transparent. Mais ainsi, on a tous les chiffres, on comprend tout ». « On a un petit côté militant », poursuit l’éleveuse, « mais on a aussi envie de reconnaissance, parce qu’on fait les choses bien. Alors on avait envie d’être identifiables, de dire « notre lait, il est là ! » ».

Un travail de terrain

Pas facile toutefois, de convaincre les clients, surtout les industriels, d’apposer la goutte de lait « Il lait là » sur leurs produits, en plus de leur marque. « C’est inhabituel », reconnait Ludovic. « Certains avaient peur que cela concurrence leur propre marque. Mais ce n’est pas une concurrence, c’est un plus », assure Jacqueline. Ce travail d’approche des clients est encore en cours, mais plusieurs enseignes ont déjà accepté ce petit plus sur leurs bouteilles de lait  : « Ce qui les a décidés, note Ludovic, c’est qu’on leur a proposé de faire des animations en magasin à cette occasion ».

Catherine Perrot
Système U appose désormais le repère Il lait là et le descriptif des engagements associés sur ses bouteilles de lait bio MDD.

C’est là que le « petit côté militant », de Jacqueline et de tous ceux se sont investi ou qui le vont le faire se révèle fort utile : « Quand on fait des animations en magasin, ça marche super bien. On apporte le côté paysan dans les rayons. Certains producteurs étaient un peu mal à l’aise au début, mais en réalité, ils ont compris qu’il suffit d’être sincère, de dire juste ce que l’on fait. Plus on en fait, plus on est à l’aise. Et en ces temps difficiles, ça nous fait du bien de parler de nos choix avec les consommateurs ».