Fourragères estivales : « une alternative apportant un peu de souplesse dans la gestion fourragère »

Avec l’essai Esti’Val, la ferme des Bordes planche sur les cultures d’été pouvant être valorisées au pâturage. La matinée du 18 juillet sera consacrée à la présentation de cette dernière année d’expérimentation. Le point avec Antoine Buteau, ingénieur régional Fourrages chez Arvalis.

En quoi consiste l’essai faisant l’objet de la visite en matinée du 18 juillet ?

Antoine Buteau : L’essai Esti’Val* est un programme sur trois ans avec deux ans de mise en cultures et une année de synthèse des données collectées. Cet essai est mis en place ici aux Bordes, mais aussi au Ciirpo et à l’Inrae de Nouzilly (37). En parallèle, nous avons trois plateformes de démonstration : une au lycée agricole du Subdray à Bourges, et deux autres dans des élevages (36-37).

L’essai a été implanté le 11 juin, avec presque trois semaines de retard par rapport à l’année dernière, qui était la première année d’expérimentation. Les cultures ont plutôt bien levé, avec notamment la pluie qui a suivi les semis. Ces fourragères d’été succèdent à un méteil récolté fin avril. On espère avoir des sorghos d’une soixantaine de centimètres d’ici la visite d’essai, afin de pouvoir y mettre notre lot de génisses au pâturage.


Quel est le but de cet essai ?

A. B. : L’objectif est d’évaluer la valorisation par le pâturage des cultures estivales. Pour cela, nous avons mis en test quatre espèces différentes, dont deux sorghos multi-coupes (sudan x sudan et hybride), un moha et un teff grass. Ces quatre cultures sont divisées en paddocks qui seront pâturés par un lot de trois génisses. Chaque lot reste sur la même culture tout au long du pâturage, ce qui nous permet de voir leur comportement en fonction du stade de la culture. On évalue le stade où le pâturage décroche, mais également les refus. Lors de la synthèse, nous étudierons le coût et la rentabilité de chacune des modalités, afin de donner des pistes de réflexion relativement complètes aux éleveurs.


Dans quel cas le recours à ces cultures peut-il être intéressant ?

A. B. : En ayant divers sites d’expérimentation, cela nous permettra de voir le comportement au pâturage des ovins, bovins et caprins face à ce type de culture. L’idée n’est pas de dire qu’il faut remplacer les prairies par ces cultures, mais de les considérer comme une alternative pouvant apporter un peu de souplesse dans la gestion fourragère.

Ces cultures peuvent être intéressantes après un ensilage de méteil, car il est trop tard pour l’implantation d’un maïs fourrager. Elles peuvent également être envisagées sur une prairie en mauvais état qui attend d’être refaite. A titre d’exemple, nous avons pu faire pâturer nos lots, l’an passé, pendant 90 jours, de début juillet à fin septembre. Et les performances des génisses étaient intéressantes, avec un gain de près de 500 g de GMQ par jour contre 200 à 300 g sur une prairie classique.


En plus de la visite commentée de l’essai Esti’Val, d’autres ateliers sont au programme. Pouvez-vous en donner les détails ?

A. B. : Il y a un atelier sur la valorisation des cultures fourragères estivales au pâturage, basé sur les précédents essais conduits dans le cadre du Cap protéine notamment où diverses cultures d’été étaient comparées. Ensuite, nous allons faire un atelier comparant les potentiels des sorghos monocoupe et du maïs fourrage. Dans certaines conditions, le sorgho monocoupe peut remplacer un maïs, surtout lorsque ce dernier n’a pas les rendements escomptés ou en dessous de 12 tonnes de matière sèche.

 

Cet essai piloté par la Ferme expérimentale des Bordes en partenariat avec Arvalis, le programme Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire, INRAE, le Ciirpo et les lycées agricoles de Tours et de Bourges, est financé par la Région Centre-Val de Loire.