Engrais : l’Unifa tente de rassurer

L’Union des industries de la fertilisation (Unifa) indique qu’il existe des solutions de substitution aux matières premières russe et ukrainienne. En matière d’engrais azotés, les enjeux géopolitiques rejoignent les enjeux climatiques.

« Face à la crise ukrainienne, notre filière travaille à trouver des solutions pragmatiques pour accompagner les agriculteurs. S’agissant des matières premières prenant part à la production d’engrais, des solutions de substitution existent et seront à envisager s’il était nécessaire de pallier les importations venant de Russie et d’Ukraine ». Dans un communiqué, l’Union des industries de la fertilisation souligne que les producteurs d’engrais s’organisent « pour assurer dans la durée la souveraineté alimentaire de la France », sans toutefois détailler les alternatives. « L’industrie de la nutrition des plantes réfléchit également à des leviers de long terme, avec les pouvoirs publics, pour éviter toute rupture d’approvisionnement sur les différents types engrais concernés », poursuit l’Unifa.

Les engrais azotés mais pas seulement

Fabriqués à 100% à partir de gaz naturel, les engrais azotés sont fortement exposés à la guerre déclenchée le 24 février par la Russie en Ukraine, la Russie étant le 2ème producteur mondial de gaz naturel (à hauteur de 20%) devant les Etats-Unis (27%) , loin devant l’Iran (7%). La Russie transforme une partie de son gaz naturel en ammoniac et s’adjuge 25% des exportations mondiales de ce gaz, précurseur des tous les engrais azotés que sont les ammonitrates, la solution azotée et l’urée. C’est aussi à partir d’ammoniac que sont fabriqués certains engrais phosphatés. Pour ce qui est de la potasse, la Russie et la Biélorussie ont la main sur 45% de la production mondiale.

En attendant l’hydrogène vert

En ce qui concerne les engrais azotés, la production d’hydrogène vert, à partir de l’électrolyse de l’eau, elle-même assurée par des énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien, solaire) ou neutre (nucléaire) constitue une alternative au gaz naturel. Si la guerre et ses conséquences devaient perdurer, elles pourraient renforcer la compétitivité de l’hydrogène vert et accélérer la transition, sous réserve que les investissements industriels suivent, tant au niveau de la production d’hydrogène que de la conversion des chaines de production d’ammoniac.

L’entreprise norvégienne Yara, qui exploite deux usines d’ammonitrates en France, prévoit de décarboner 30% de sa production mondiale d’ammoniac d’ici à 2030, visant la neutralité à 2050. Dès 2023, il fournira 80 000 t d’ammoniac décarboné à une coopérative céréalière suédoise grâce à la production d’hydrogène vert en Norvège. En matière d’engrais azotés, les enjeux géopolitiques vont de pair avec les enjeux climatiques.