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Elections Chambres : morceaux choisis du grand débat LCP-Assemblée nationale
A l’avant-veille de l’ouverture du scrutin des Chambres d’agriculture et à l’heure où la crise agricole, et politique, s’enkyste, la Chaine Parlementaire Assemblée nationale organisait lundi un « grand débat » sur l’agriculture, réunissant les responsables de la Confédération paysanne, de la Coordination rurale, de la FNSEA et des JA. Morceaux choisis.
Un « grand débat » sur l’agriculture à la veille des élections des Chambres d’agriculture et retransmis à la télévision, en l’occurrence LCP-Assemblée nationale : il s’agissait d’une première, selon son animatrice Myriam Encoua (LCP), épaulée par Charlotte Murat, journaliste du Groupe EBRA et par Patrice Moyon, journaliste Ouest France. Libre-échange, revenu, Pac, écologie, changement climatique… : Pierrick Horel, président de JA, Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, ont débattu pendant 90 minutes lundi soir. La FNSEA et JA faisant liste commune, leurs responsables ont bénéficié d’un temps de parole cumulé de 24 minutes contre 18 minutes pour chacun des deux autres syndicats. Un débat digne, intelligible, avec quelques rares piques mais sans invective.
Quel modèle, quelle vision de l’agriculture ? Que défendez-vous dans cette campagne ?
Véronique Le Floc'h : le modèle que défend la Coordination rurale, c‘est le modèle d’exploitation familiale, libre de tout asservissement, libre de tout assistanat
Arnaud Rousseau : la FNBSEA a une mission claire, construite, c’est s’engager avec les femmes et les hommes qui le goût d’entreprendre en agriculture pour des territoires vivants et dynamiques, vous y retrouvez la place des hommes et des femmes parce qu’en agriculture, c’est central, vous y retrouvez le goût d’entreprendre et vous y retrouvez la place des territoires parce qu’en France, il n’y a pas une agriculture mais des agricultures
Pierrick Horel : chez JA, on se bat pur des agriculteurs nombreux sur le territoire, bine dans leurs baskets et prêts pur répondre au défi climatique qui est devant nous, avec une considération vivable du métier
Laurence Marandola : le combat de la Confédération paysanne, c’est de garder des fermes nombreuses et pas quelques firmes, l’ensemble des politiques économiques, publiques, co-décidées depuis des décennies entre le gouvernement et les syndicats majoritaires ne vont pas dans ce sens-là, Engager une transition, rester nombreux sur des campagnes vivantes
L’état des forces en présence, à la veille des élections aux Chambres d’agriculture
Véronique Le Floc'h : depuis un an nous sommes sur le terrain, oui c’est un referendum parce que chacun des agriculteurs doit choisir s’il souhaite continuer dans ce modèle, qui n’a pas un bilan réjouissant, c’est dix dernières années, c’est 100.000 exploitations en moins, un million de vaches en moins, un tiers des abattoirs qui a disparu et on continue à en fermer un tous les mois. Chaque agriculteur doit se poser la question : jusqu’où doit nous amener ce modèle jusqu’à 150.000 fermes demain ?
Arnaud Rousseau : on a une vision, qui est celle de la croissance du goût d’entreprendre en agriculture, faisant le constat qu’il y a des projets différents, des territoires différents, mais que tous doivent construire un projet assis sur la liberté d’entreprendre, sur la capacité à vivre. Nous assumons de dire qu’un agriculteur, c’est un entrepreneur, du vivant, souvent dans une petite entreprise à capitaux familiaux essentiellement en France ? Nous on porte des solutions et des solutions concrètes à travers nos projets de loi. La colère n’est pas un projet, le chaos n’est pas u projet, le fait de vouloir affamer tel ou tel n’est pas un projet.
Laurence Marandola : les élections ne sont pas jouées d‘avance, il n’y a pas un gagnant et un challenger. C’est peut-être les élections de la dernière chance. Le consta on le fait tous, il y a 100.000 fermes, 100.000 paysans qui ont disparu au cours de la dernière décennie. C’est un constat d’échec des politiques publiques, de l’accompagnement des Chambres, un échec global, un échec sociétal.
Le libre-échange, jusqu’où ?
Laurence Marandola : il faut mettre fin à tous les accords de libre-échange et arrêter de faire l’amalgame : pas d’accord de libre-échange = pas de commerce. Vins et spiritueux, la France exporte majoritairement vers la Chine et les USA, y a pas d’accord de libre-échange. Le Ceta est favorable à Lactalis, aux grandes entreprises. Est-ce que ça a ruisselé dans la poche des éleveurs laitiers avec un prix revalorisé : ce n’est pas le cas. C’est même pire, Lactalis annonce baisser sa collecte. Le commerce du produits agricoles, c’est indispensable mais sur des bases justes, qui rémunèrent le travail. Les clauses miroir, c’est du miroir aux alouettes. Rien que sur coût du travail, le Smic horaire au Brésil, c’est 1,09 euro. On peut continuer à se battre pour éviter le ratification plein et entière du Mercosur, pareil avec le Ceta qui n’est pas ratifié et on vient, la Confédération avec d’autres, d’obtenir l’annulation de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc sur les fruits et légumes et qui permet de protéger et de relocaliser la production en France
Arnaud Rousseau : pour nous le Mercosur, c’est non, parce qu’on n’a pas de traçabilité, parce qu’on importe des produits avec des matières actives ou des modes opératoires qui sont interdits en Europe et parce que ça ne respecte pas les Accords de Paris. Au-delà du Mercosur, nous on affirme qu’il faut continuer à commercer parce quand on a du blé, des spiritueux, des vins, des produits laitiers transformés, de la génétique animale, il faut que l’on puisse commercer, mais dans des conditions de réciprocité qui nécessitent que l’Europe se remette en cause et que l’on contrôle ce qui arrive en Europe.
Véronique Le Floc'h : nous à la Coordination rurale, c’est une opposition totale à tous ces accords de libre-échange, il faut exclure l’agriculture de l’OMC car tous ces les accords de libre-échange reviennent à une politique favorisant toute l’agro-industrie. L’agriculture doit bénéficier de cette exception telle que nous avions avant 1994. Ni le Brésil, ni la Russie, ni la Chine, ni les Etats-Unis ne respectent pas les accords de l’OMC et protègent tous leur agriculture (…). La Pac a considéré qu’il fallait produire à un prix faible, mondial, pour aller à l’export en contrepartie de quoi, nous agriculteurs, nous avons bénéficié de compensations. Cette politique, elle a pemris aux industriels de se développer et aujourd’hui, tous les industriels sont implantés ailleurs qu’en, France et peuvent pratiquer une délocalisation de résultat
Pierrick Horel : le sujet du libre-échange, c’est que l’OMC n’existe plus depuis longtemps, on se retrouve sans réelles règles pour encadrer tout ça. On a besoin de commercer avec le monde, c’est vecteur de valeur ajoutée pour les agriculteurs mais on doit discuter production alimentaire contre production alimentaire, on ne peut pas être la variable d’ajustement. On a aussi une perte de compétitivité qui fait que l’on n’est pas capable de se positionner sur le marché européen, donc il faut moins de surtransposition et plus de compétitivité très urgemment pour les agriculteurs sur le territoire
Arnaud Rousseau : le sujet de fond sur les questions de ce qui se produit ailleurs sur la planète, c’est -est-ce qu’on est capable ou pas de garder en France une capacité productive, pour faire du productivisme ou exporter à tout crin. Si on veut créer de la richesse, il faut qu’on arrive à produire, au moins autant. On importe aujourd’hui 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 25% de notre viande bovine, 60% de notre viande ovine, 50% de nos poulets. Nous avons besoin des produire avec des standards qui sont parmi ls plus élevés de la planète et on a besoin de le faire dans un cadre où on ne nous met pas en compétition avec des gens qui ne respectent pas nos règles. C’est l’intérêt du consommateur demain d’avoir des produits de qualité dans son assiette.
L’Ukraine dans l’UE, oui ou non ?
Laurence Marandola : ça va redessiner complètement les forces en présence, la carte de l’agriculture européenne
Véronique Le Floc'h : c’est une concurrence déloyale impossible à supporter avec des produits qui ne respectent pas nos normes
Arnaud Rousseau : la question, c’est qui paie et est-ce qu’il y a une équité de traitement, on ne peut pas importer des produits qui ne respectent pas nos standards, ça vaut pour le Brésil, ça vaut pour l’Ukraine et ça vaut pour d’autres. A marché unique, règles uniques
Comment vivre dignement de l’agriculture ?
Laurence Marandola : il est possible et indispensable d’établir des prix rémunérateurs garantis. Egalim c’est un échec parce qu’elle ne s’applique qu’à des filières volontaires, donc ça s’applique à la filière laitière et un petit poil à la viande c’est tout. Même dans le lait, Egalim n’a été capable de protéger, de sanctuariser le revenu des éleveurs. Dans ce prix minimum garanti, on veut les coûts de production, un Smic minimum et la protection sociale. Le Smic c’est pas un objectif en soi, c’est que l’on interdise enfin, par le prix, que des agriculteurs soient rémunérés en-dessous du Smic. Le prix minimum garanti, on l’a connu en Europe, ça existe dans de très grandes puissances agricoles dans de grands pays, ça fonctionne. Ça doit être assorti d’une répartition des volumes sinon c’est les plus grandes fermes qui vont tout rafler, et de mesures aux frontières. Le revenu, c’est le prix et c’est aussi une autre répartition des aides de la Pac. Le prix garanti, ça existe aussi pour le gaz de votre méthaniseur.
Véronique Le Floc'h : pour avoir du revenu, il y a deux façons d’agir. D’abord sur els charges. Nous demandons un bouclier énergétique. Ce n’est pas compliqué, l’énergie consommée par le secteur agricole, c’est seulement 3% de l’énergie. On demande une exonération totale des taxes foncières sur le non bâti. La taxe équivaut au double de la taxation des dividendes. On le finance par la suppression de l’OFB, par une surtaxe carbone sur le frêt des produits importés. Il y a aussi la révision du système social pour alléger le coût du travail. D’un autre côté, il faut davantage de prix, d’abord en intervenant auprès des coopératives et des industriels. Il faut une loi de moralisation des coopératives, qui ont des filiales qui versent des dividendes qui ne redescendent pas aux agriculteurs. Il faut que les filiales reviennent au bilan des coops ou que l’on remette comme actionnaires les agriculteurs. Il faut que l’objectif de deux Smic nets soit atteint, c’est 60.000 euros pour pouvoir enlever les charges et avoirs ces deux Smic nets.
Pierrick Horel : on est contre les prix plancher, on a besoin du coût de production dans la construction du prix en marche avant, Egalim vient quand même bouleverser 30 ans de commerce, ça prend du temps, c’est pas aussi rapide que ce qu’on le voudrait mais on continue de le pousser car ça structure des filières. Moi en tant que JA, c’est pas envie de gagner un Smic ou deux Smic, j’ai envie de gagner la valeur réelle de mon travail, de mon implication.
Arnaud Rousseau : les prix plancher, ça ne fonctionne dans une économie telle que nous avons en Europe parce que, soit le prix autour de nous est plus bas et tout le monde file acheter à côté, soit le prix est plus élevé et le prix le plus élevé devient un prix plancher et le prix plancher devient un prix plafond. Egalim n’est pas parfait mais a fait bouger les lignes car la grande distribution est en train de bouger, y compris avec les centrales européennes et ça a permis de faire cesser la déflation. Est-ce que c’est assez ? La réponse est non. Concernant les coopératives, on a besoin d’outils économiques pour densifier le marché car quelle que soit la taille d’exploitation, on n’a pas la taille critique souvent pour aller au marché.
Faut-il revoir le principe des aides à l’hectare et à la tête de bétail de la Pac ?
Pierrick Horel : on a besoin d’accompagner tous les agriculteurs qui sont en activité. L’aide à l’ha, du moment qu’elle est corrélée à une production, c’est ça qui nous intéresse. ON est à 70% d’uniformisation des aides Pac sur cette réforme-là, on part de loin, une réforme comme ça, ça peut déstructurer des exploitations, donc ça prend du temps. Peu importe le dispositif pourvu qu’il soutienne une production sur le territoire que l’on veut tous voir évoluer, notamment sur une adaptation au changement climatique
Laurence Marandola : la Pac, c’est 9,5 milliards d’euros en France, il faut garder du budget et du soutien à l’agriculture, on est d’accord. 30% des agriculteurs de ce pays ne touchent pas d’aides de la Pac parce que trop petits ou viticuleturs. 25% des bénéficiaires touchent moins de 5000 euros quand il y a des fermes, j’en ai en face, qui touchent plusieurs centaines de milliers d’euros. Comment on peut dire que ce modèle soutient le revenu de tous les agriculteurs ? Il faut réformer. ON ne peut pas accepter qu’il ya ait quelques gagnants, quelques firmes et que l’on perde des agriculteurs
Véronique Le Floc’h : la Pac est de moins en moins commune, elle est renationalisée. On demande une réforme totale de la Pac sur une période d’au moins 10 ans. Quand on regarde la part des aides de la Pac sur le revenu disponible, ça va de pratiquement rien à 250% certaines années chez les producteurs ovins et bovins, ça ne va pas. On a une réserve de crise qui devrait être abondée pour être là davantage les années de crise, qu’elles soient climatiques, sanitaires sinon on va perdre el potentiel de production de nos élevages.Et on n’a vu nulle part des études qui pourraient s’appuyer sur des modèles contracycliques, comme aux Etats-Unis pour davantage compenser les années où il y a le moins de revenu. Faire une aide à l’actif, c’est aussi dangereux car vous pouvez avoir une exploitation avec beaucoup d’actifs salariés. Est-ce qu’on les compte ou pas ?
Arnaud Rousseau : les viticulteurs touchent des aides parce qu’ils ont une OCM et touchent des aides à l’assurance. Ce qu’il faut expliquer à ceux qui nous écoutent, c’est que la Pac, c’est la subvention de ce qu’ils ont dans leur assiette. Si on n’est pas subventionné alors que tous les grands blocs le font, alors on détruira notre agriculture. Sur la manière de répartir, il y un débat entre les hectares versus les actifs. Il faut être vigilant car les pays de l’Est de l’Europe ont beaucoup plus d’actifs que nous. L’idée, c’est de finir la convergence et d’assurer que le Pac, qui aujourd’hui économique, environnementale et sociétale, ne perde pas le volet économique. On veut garder la corrélation à la production.
L’écologie, stop ou encore ?
Véronique Le Floc’h : les agriculteurs font de l’écologie appliquée. Mais quand le Green deal fixe des objectifs de réduction des produits phytosanitaires de 50%. Quand vous avez des pays, comme les Pays-Bas, utilisent 12,7 kilos de matières actives contre 3 kilos et quelques en France, l’objectif de réduction de 50% n’est pas logique. On va tuer le potentiel de production en France. Il faut des limites en valeur relative et par des pourcentages de réduction. Les néonicotinoïdes, si ça permet de maintenir le potentiel de production, plutôt que d’importer des produits qui en contiennent, il faut les autoriser. L’important c’est la réciprocité des normes.
Arnaud Rousseau : je suis allé en Dordogne et dans le Lot-et-Garonne où les producteurs de noisettes me disent : on est dans l’impasse, ; son on n’a pas une matière active qui s’appelle l’acétamipride, autorisée en Italie et en Allemagne, on ne produira plus en France. Ce n’est pas acceptable. Si c’est de l’écologie politique et punitive, on n’en veut pas. Si c’est une écologie pragmatique qui permet d’apporter des solutions et continuer à produire en France une alimentation de qualité, alors on est prêt. Qui a fait des efforts substantiels, qui a diminué les CMR1 de 95% en 20 ans, c’est nous. Nous on a besoin de stocker de l’eau on a besoin de matières actives comme les Français quand ils sont malades, on a besoin d’avoir du foncier disponible qui ne disparait pas, on a besoin d’avoir des technologies, je pense notamment aux nouvelles techniques de sélection génomique, ce n’est pas une écologie de l’incantation mais du progrès. Quand vous mettez les gens dans l’impasse, vous faites de la paupérisation et vous importez de l’étranger. Nous notre doctrine, c’est pas d’interdiction sans solution
Laurence Marandola : la France est le pays qui a le plus d’autorisations de produits phytosanitaires en Europe, on ne peut pas dire que l’on fait de la surtransposition. Si on a baissé les CMR1, c’est parce qu’il y a une interdiction dans la loi. Des fois, il faut passer par l’interdiction. Les plus toxiques, on interdit. Pour sortir des pesticides, il faut rémunérer les paysans. Sortir des pesticides d’une classe un peu moins dangereuse, ça prend du temps et ça sera possible quand on ne jouera pas le jeu de la compétitivité
Pierrick Horel : faire de l’écologie chiffrée qui serait confortable à des fins politiques ça ne répond pas du tout aux enjeux, ni des consommateurs, ni des agriculteurs. La preuve en est, c’est que l’on est dans l’impasse. Si on ne produit pas avec des moyens de lutte, on parle des végétaux mais on pourrait parler aussi des animaux, on sera en concurrence déloyale avec d’autres pays parce que les consommateurs voudront le produit et le payer avec la bourse qui est la leur.
L’agriculture bio, jusqu’où ?
Pierrick Horel : je suis en bio depuis 15 ans et aujourd’hui, je n’ai plus de valeur ajoutée car on a eu une volonté d’inscrire la bio partout sans avoir une structuration de la filière. Aujourd’hui, ça met les agriculteurs dans l’impasse, on ne valoriser plus nos produits, ce n’est plus vecteur de plus-value. Il faut arrêter d’opposer bio et conventionnel, on a besoin des deux et partout
Laurence Marandola : l’agriculture biologique est soumise aux mêmes lois impitoyables de mise en concurrence et d’ultra-libéralisation. Mais on ne peut pas dire que la bio a été accompagnée et soutenue de la même façon que les autres productions. Il faut soutenir les prix et les marchés, il faut faire respecter la loi Egalim, d’arriver à ces 20% de produits bio dans la restauration collective, c’est un vrai levier. La version française de la Pac, c’est un des plus mauvais élèves de l’Union européenne
Véronique Le Floc’h : il faut respecter Egalim, les 20% dans tout ce qui est restauration collective, inclure la restauration collective commerciale et il faut plus de transparence par rapport aux importations. Depuis 2022, on a perdu le fil, on ne sait plus, production par production, quelle part est importée
La simplification, contre la paperasse ou contre les normes ?
Véronique Le Floc’h : ça peut concerner les haies, le curage des fossés, les dossiers installation classées pour construire des bâtiments, la déclaration flux d’azote quand vous êtes en bio en extensif. Nous sommes en permanence avec un calendrier qui nous oblige à rendre des comptes
Pierrick Horel : on peut commencer à simplifier dès le moment de l’installation, n’importe quel jeune agriculteur qui s’est installé vous dira que c’est le parcours du combattant, on a des positions très fermes sur la LOA
Laurence Marandola : il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Simplifier la paperasse administrative, c’est une chose, simplifier les normes, c’en est une autre. Notre vie sera plus simple quand on aura des interlocuteurs en chair et en os, quand on a des difficultés, c’est u chemin de croix pour avoir un interlocuteur à la MSA, aux impôts et parfois même à la Chambre d’agriculture.
Comment installer et renouveler les générations ?
Pierrick Horel : sans revenu, on n’installera personne et on ne donnera envie à personne de s’installer. Je précise qu’il y a aussi des projets qui se portent bien, des filières qui sont porteuses. Il faut un meilleur accompagnement des projets à l’installation, de la simplification. On appelle de nos vœux cette fameuse LOA qui doit répondre à ces enjeux d’installation et de transmission, on veut un guichet unique où l’on retrouve l’ensemble des acteurs
Véronique Le Floc’h : on a des abattements, des droits de mutation sur la transmission et il faut relever les plafonds. Quand on s’installe en agricole, on s’installe en général sur une exploitation et avec du foncier et on a un grand problème d’accessibilité au foncier parce qu’en général, le foncier est géré par les Safer et qui sont détenues à 100% par la FNSEA et là aussi, il y a une multitude de dossier avec des conflits d’intérêt, il n’y a pas cette représentativité, ce pluralisme syndical au sein même de ces instances
Laurence Marandola : c’est l’enjeu, le tournant majeur de la ferme France, c’est de prendre à bras le corps, cette question de la transmission et de l’installation. Sans l’outil Chambres, un outil fabuleux pour l’installation mais on n’y est pas même quand on fait 20 ou 40% aux élections, avec des moyens dérisoires, avec des réseaux proches de la Confédération paysanne, on accompagne un tiers des porteurs de projets qui se présentent car il n’y a pas vraiment de crise des vocations, des jeunes et des moins jeunes, issus ou non du milieu agricole. Le vrai levier pour el renouvellement des générations, c’est le revenu, mais c’est aussi le foncier mais le foncier, globalement, il part à l’agrandissement. Dans la loi, la priorité doit absolument être donnée à l’installation.
Pierrick Horel : la gouvernance des Safer a été ouverte aux autres syndicats. Sur l’installation, sur le foncier, on a un schéma directeur régional qui permet d’établir un ordre de priorités. Installer pour installer, dans des conditions qui ne permettront pas le développement et la sérénité économique qu’on appelle tous de nos vœux ce soir, des installations, on considère que ce n’est pas un bon projet, c’est sur ce critère-là qu’on se base pour attribuer ou non du foncier
A 10 ou 20 ans, quelle agriculture face au changement climatique ?
Arnaud Rousseau : à la FNSEA, on s’adapte à la réalité de ce qui nous entoure et d’abord au climat, dans son assolement, dans la conduite de son troupeau,
Pierrick Horel : on veut préparer l’avenir avec des plans et des contrats d’avenir notamment, ce qui permet d’avoir u diagnostic au moment de la transmission et même pendant la carrière de l’agriculteur pour repositionner nos outils agricoles, économiques sur la réalité climatique. On le vit, on le fait, on le porte. Il faut que les pouvoir publics se montrent à la hauteur de l’accompagnement
Véronique Le Floc’h : pour anticiper les besoins en eau, il faut faire en sorte que nos sols soient des éponges avec le semis direct et le non-labour. Il nous faut des réserves collinaires pour stocker l’eau de l’hiver, le stockage de l’eau, c’est beaucoup du collinaire, c’est juste par gravité, c’est remettre en état ce qui a été fait par nos anciens dans beaucoup de zones, c’est faire en sorte que l’eau n’aille pas à la mer. S’il n’y a pas le choix de faire des réserves collinaires et que ça peut permettre de maintenir des productions, il faut faire des mégabassines et rapidement car elles correspondent à un stockage qui est validé par le BRGM.
Laurence Marandola : pour mieux gérer l’eau, on garde l’eau dans les sols avec des pratiques culturales, avec des sols couverts, un sol vivant. La vraie question, car on est tous d’accord sur la raréfaction de la ressource en eau, qui est exponentielle, c’est celle du partage de l’eau entre agriculteurs et là, il faut de la gouvernance, de la démocratie, de la transparence. Aujourd’hui, on est face à des irrigants sur des bassines illégales. Les projets ce stockage en lien avec le cycle de l’eau, avec du partage de l’eau entre agriculteurs et avec une gouvernance territoriale, on les fait
Arnaud Rousseau : le stockage de l’eau, c’est la question centrale, il n’y aura pas d’agriculture sans eau. L’agriculture est une solution, pour nos concitoyens, y compris en terme de décarbonation
Véronique Le Floc’h : le dérèglement climatique nous oblige à adapter nos productions et nos cultures
Laurence Marandola : le dérèglement climatique, on en est à la fois des victimes en tant qu’agriculteur et à la fois acteur de solutions, on peut inverser certaines choses en travaillant différemment les sols, en remettant des haies
Que n’avez-vous encore pas dit aux électeurs ?
Laurence Marandola : en agriculture, en plus des revenus très inégaux, et souvent très faibles, on subit une protection sociale de misère, qu’il s’agisse des indemnités journalières, des congés maternité où on a du mal à avoir des remplaçants et qu’on parle des retraites. Les lois Chassaigne nous on fait du bien mais on a encore un grand nombre de paysans, et surtout de paysannes, qui sont très en-deçà de ce minimum des lois Chassaigne et c’est encore pire dans les territoires d’Outre-mer, l’installation, l’avenir de l’agriculture, il passe aussi par ces conditions de travail, cette protection sociale, les droits des paysannes et des paysans d’avoir du revenu, d’être protégés. On appelle à la protection et c’est ça qui nous donnera une vision d’avenir
Véronique Le Floc’h : sur le volet social, il y a encore beaucoup d’efforts à faire ces arrêts maladie, ces accidents qui ne sont pas reconnus à leur juste titre. L’autre sujet, c’est l’accompagnement des agriculteurs qui sont rentrés dans des procédures, qui sont passés devant le tribunal de commerce, qui ont un plan pour échelonner des dettes, et qui aujourd’hui ne s’en sortent plus car ils ont été victimes d’aléas climatiques ou sanitaires, il faut leur permettre d’accéder à des aides, à des années blanches pour pouvoir repartir. On est tous à la fois paysan et chef d’entreprise et face à la Coordination rurale, on a deux modèles différents, l’un conduit à plus d’asservissement, plus d’importation et à une dégradation des bilans économiques. A la Coordination rurale, nos somme prêts à stopper ce plan social, n’ayez pas peur
Pierrick Horel : je veux avoir un message d’espoir pour les jeunes de tous profils, qu’ils rejoignent l’aventure agricole parce qu’on est en capacité d’avoir un vrai service et un vrai accompagnement et des vraies perspectives d’avenir dans un métier qui fait sens
Arnaud Rousseau : on a un projet syndical que l’on a construit avec l’ensemble de notre réseau, j’invite les électeurs a allers regarder les projets, le nôtre est très différent de celui de la Confédération paysanne, je n’ai pas vu sur le site de la CR leur projet. Ce qui compte pour nous, c’est ce goût d’entreprendre, c’est cette capacité à surmonter les épreuves, à donner de la visibilité, à structurer l’économie agricole pour que partout sur le territoire, avec des agricultures très différentes, on soit fier de continuer à produire. A la fin, c’est le consommateur qui choisit, par son acte d’achat, l’agriculture qu’il aura dans 10 ans, dans un bloc, l’Europe, qu’on a besoin de challenger, dans un contexte mondial difficile et pour ça, on a besoin d’avoir des organisations qui travaillent, qui sont structurées et qui ont des racines profondes.