Dans les cantines aussi, les produits bio et durables à la diète

Les taux d’approvisionnement sont respectivement de 12,1% et 25,3% contre 13,1% et 27,5% un an plus tôt. La faute à un biais déclaratif mais qui bafoue à satiété la loi Egalim. Dans « l’intérêt général », la ministre de l’Agriculture invite les acteurs de la restauration collective à se mobiliser « collectivement ».

En application d’un arrêté du 14 septembre 2022, les responsables ou gestionnaires d’un restaurant collectif public ou privé, en régie directe ou en gestion concédée, ont l’obligation de renseigner, chaque année avant le 31 mars, leurs données d’achat en denrées alimentaires sur la plateforme numérique institutionnelle « ma cantine ». A l’occasion de la dernière réunion du Conseil national de la restauration collective (CNRC), le ministère de l’agriculture a dévoilé les chiffres de la télédéclaration 2024. Ils actent un recul des taux d’approvisionnement en produits bio et durables, passés respectivement de 13,1% et 27,5% en 2023 à 12,1% et 25,3% en 2024.

Pour rappel, depuis le 1er janvier 2022, les produits durables (AOC, AOP, IGP, STG, Label Rouge, HVE...) et certifiés en agriculture biologique doivent représenter respectivement 50% et 20% des achats des restaurants collectifs sous gestion publique, conformément à la loi Egalim d’octobre 2018, complétée par la loi Climat et résilience d’août 2021. Depuis le 1er janvier 2024, les restaurants collectifs du secteur privé sont également astreints aux taux de 50% et 20%. Précisons, si besoin en était, que les objectifs ont un caractère non contraignant.

Les bons élèves de la classe et de l’Ehpad

Cette orientation à la baisse, en dépit des appels récurrents des gouvernements successifs à pousser la montée en gamme en restauration collective, est une demi-surprise. En effet, les gestionnaires se soumettant à la télédéclaration (ils étaient 13% en 2023) sont soupçonnés d’être les bons élèves de la classe et de l’Ehpad. La preuve en est donnée cette année, où le taux de télédéclaration est monté à 21%, soit un 5ème des 81.000 établissements concernés.

Selon le ministère, dans les restaurants qui ont télédéclaré en 2023 et 2024, une légère progression du taux de produits bio est observée, de 13,4 % en 2023 à 14 % en 2024, en parallèle d’une stabilité du taux de produits durables et de qualité. « Dans une période de crises et de difficultés pour notre agriculture, il est essentiel que la restauration collective soit au rendez-vous des objectifs fixés par la loi, a commenté Annie Genevard, ministre de l’Agriculture. C’est notre intérêt général. Nous devons nous mobiliser collectivement sur ce sujet qui constitue une politique prioritaire. Le premier acte de mobilisation est de s’inscrire sur ma cantine et de télédéclarer ». Autre objectif non contraignant... « Il n’y aurait pas de crise du bio si Egalim était respectée », avait déclaré l’ex-ministre Marc Fesneau en mars dernier au congrès de la FNSEA à Dunkerque (Nord).