Conjoncture - Une envolée des prix hallucinante

Depuis le début d’année et face à la forte chute des disponibilités, l’envolée des prix de la viande, des broutards ou des veaux est hallucinante. Elle est désormais source d’inquiétude pour les secteurs intermédiaires.

Conjoncture – Depuis le début de l’année, l’envolée des prix en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas ou en Italie est hallucinante. Nos voisins du nord de l’Europe font face à une très forte décroissance de la production laitière sous l’égide de politique très environnementale comme en Hollande, ou de rupture générationnelle outre-Rhin (comme en France). En quelques semaines, les tarifs ont atteint des sommets qui posent beaucoup de questions. Face à une décroissance massive de la production, les industriels allemands peinent à couvrir une demande croissante à quelques semaines de Pâques. Avec des vaches O entre 5,30 et 5,35€ voire plus en Belgique. Le marché français est sur la même dynamique, même si les tarifs sont un peu en retrait avec des laitières O à 4,91€ (sem 10) et des mixtes à 5,20€ (prix en entrée d’abattoir). Les disponibilités en réformes laitières sont un peu plus étoffées sur ce début avril, avec un effet comptable pour une nouvelle campagne laitière. Le renforcement du prix du lait n’est pas un élément à libérer plus de vaches, avec la mise à l’herbe qui se rapproche. L’engraissement des vaches, souvent en manque de finition en fin de carrière, est une source de profit indéniable pour les éleveurs au regard des tarifs pratiqués dans la viande

Cette envolée des prix de la viande d’entrée de gamme se ressent également dans les animaux de races à viande, avec un déficit de production également très marqué.

A trois semaines de Pâques, de nombreux animaux de haute qualité vont se retrouver sur les concours d’animaux de boucherie, avec des opérateurs passionnés de bonne viande, mais qui souffrent du niveau élevé des prix dans le conventionnel. Les GMS sont plus frileuses, et les bouchers sont inquiets, face à des marges qui se réduisent et une main-d’œuvre plus compliquée à trouver.

La ferme France maigrit avec une pyramide des âges très défavorable. Alors, que les éleveurs se battent tous les jours pour fournir une viande de qualité, et de plus en plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal, le report de la hausse dans le secteur aval, posent beaucoup de questions, que ce soit en France comme chez nos voisins européens. Elle est désormais source d’inquiétude et d’épuisement pour toute la filière de la transformation. Certains pays du pourtour méditerranéen se retournent vers des animaux plus abordables en provenance du Brésil, ce qui tend à modifier les équilibres en cours (notamment du côté espagnol).

Selon le troisième baromètre sur la consommation de viande établit par le Réseau Action Climat avec Toluna – Harris Interactive, la moitié des Français a réduit sa consommation de viande sur ces trois dernières années, notamment pour des raisons économiques. 79 % des sondés, disent qu’ils sont prêts à réduire leur consommation de viande pour mieux rémunérer les éleveurs. Néanmoins, cette étude fait également ressortir que 30 % des Français mangent de la viande tous les jours notamment par le biais de la restauration collective ou de la RHF, avec des opérateurs qui se rapprochent de plus en plus de la production nationale.