Conjoncture – La maîtrise des charges reste la clé du revenu des éleveurs

Les éleveurs, qui ont entre 1 et 1,5 cheval mécanique par ha, ont en moyenne la capacité de dégager un peu plus de 2 Smic par UMO

Conjoncture – Afin d’identifier les actions possibles au service du revenu des éleveurs, une étude publiée par Thierry TURIAN, ingénieur territorial, démontre la forte relation entre le revenu des éleveurs et le taux de mécanisation (nombre de chevaux mécaniques par hectare). Cette étude a été réalisée sur des exploitations naisseur-engraisseur du Réseau Inosys Bassin Charolais. Les éleveurs, qui ont entre 1 et 1,5 cheval mécanique par ha, ont en moyenne la capacité de dégager un peu plus de 2 Smic par UMO. Les exploitations qui ont entre 2,5 et 3 chevaux par ha sont quasi systématiquement en dessous de 0,8 Smic.

Cette notion de charge de mécanisation est importante quand on regarde l’envolée des prix des engins agricoles. Travailler sur les charges de structures est un challenge, face à l’attrait de la modernité.

De leurs côtés, les coûts de production représentés par l’indice IPAMPA, sont à la baisse, mais de façon insuffisante pour permettre aux éleveurs d’améliorer leurs revenus. La baisse du prix de l’énergie (carburants…) est compensée par la hausse décalée des prix des aliments.

Après la réévaluation des prix des animaux de race à viande de ces deux dernières années, le niveau semble se stabiliser sur des bases régies par l’acceptabilité des industriels, des distributeurs et des consommateurs. En effet, la courbe des prix des Charolaises R est comprise entre 5,20 et 5,40€ depuis l’automne 2022. De son côté, le marché des réformes laitières est beaucoup plus fluctuant, avec un impact important de la concurrence UE. Néanmoins, on observe une ferme volonté des industriels de réguler également ce marché, dans un contexte où le prix de la viande hachée et transformée, qui représente 61 % des viandes consommées en France, est un élément vital pour la filière.

Dans un schéma de réduction permanente des volumes disponibles pour les industriels, liée à la décheptellisation de la ferme France, les filières de l’abattage et de la transformation sont en pleine mutation, avec de nombreux outils qui vont fermer ou être réorientés dans l’année qui vient. Pour remédier à ce déficit, les grands opérateurs ont opté pour un renforcement de l’engraissement sur la France au détriment des exportations. Les mises en place de jeunes bovins et de femelles ont progressé de 20 % en un an. Cela génère une très grande tension sur le marché du broutard avec des acheteurs qui doivent se partager les parts d’un gâteau qui se rétrécissent. Or, le niveau élevé des prix de vente est très favorable pour le revenu des éleveurs naisseurs, ils posent beaucoup de questionnements sur la hausse des coûts de production de l’engraissement et des tarifs qui devront être pratiqués pour les couvrir, dans quelques mois. L’exemple est pourtant devant nous avec des JB italiens qui dépassent les 6€, sans que cela soit profitable aux engraisseurs.

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