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Ça sent le gaz pour les agriculteurs méthaniseurs en cogénération
Face à l’explosion des coûts d’exploitation et faute d’indexation des prix d’achat en conséquence, les agriculteurs en « cogé » réclament d’urgence trois soupapes de sécurité. Et s’interrogent sur leur place dans le paysage des énergies renouvelables.
« 170 unités de méthanisation en cogénération exploitées par des agriculteurs, équivalant à une sur cinq, sont confrontées à des difficultés financières et menacées d’arrêt d’activité ». Telle est l’alerte lancée par l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), par la voix de sa secrétaire, Adeline Sanac. En cause : le ciseau des prix entre les coûts d’exploitation et les tarifs de rachat de l’électricité. « Alors que pour le consommateur, le prix de l’électricité a augmenté de 92% en trois ans, notre prix de rachat a été revalorisé d’à peine 10%, quand nos coûts d’exploitation ont bondi de 33% sur la période. Et ce n’est pas l’AAMF qui le dit, mais la Commission de régulation de l’énergie », appuie Adeline Sanac, éleveuse et méthaniseuse dans l’Aveyron.
Trois mesures d’urgence réclamées par l’AAMF
L’AAMF, associée à France gaz renouvelables, s’appuie en effet sur une délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), datant du 25 mars dernier et qui, selon l’association, recommande « une révision des conditions tarifaires de tous les contrats de cogénération pour refléter les coûts réels de production d'électricité ». Sauf que la décision relève de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), laquelle n’a pas ouvert la moindre soupape. En attendant et en espérant un arbitrage de Bercy, au meilleur des cas au second semestre compte tenu des allers-retours à Bruxelles, l’AAMF réclame une revalorisation de 0,01€/kWh de la prime effluents élevage, soit un bonus compris entre 4 et 5%, le déplafonnement des installations capées à 499 kW et enfin la possibilité de basculer en injection, pour les sites bénéficiant d’une extension de réseau à proximité.
Quel avenir pour la cogénération ?
Au-delà de la situation conjoncturelle, l’AAMF s’interroge sur la pérennité de la filière cogénération, déplorant un « sentiment d’abandon » de la part de l’Etat. « Depuis le lancement du plan Energie méthanisation autonomie azote en 2013, les agriculteurs se sont mobilisés et ont largement pris leur part pour atteindre l’objectif de 1000 méthaniseurs en 2020 », rappelle Adeline Canac.
Oui mais voilà, la poussée du photovoltaïque et la relance du nucléaire relaient peut-être la cogénération au second plan, au profit de l’injection, seule génératrice de gaz « vert ». « Dans un département comme la Lozère, il n'y a pas un kilomètre de conduite de gaz », contrecarre Adeline Canac, qui est aussi présidente d’AgriMétha d’Oc, la déclinaison de l’AAMF en Occitanie.