Blonde d'Aquitaine : une finition à la hauteur de ses ambitions

Troisième race allaitante française, positionnée sur un marché plutôt qualitatif, la blonde d'Aquitaine se fait aussi remarquer par une finition hétérogène des vaches de boucherie. Des programmes de recherche ont été conduits récemment pour mieux comprendre cette phase cruciale de l'engraissement. Ces travaux ont été restitués aux éleveurs lors d'une « journée blonde », organisée à Héric (44) le 9 mars dernier.

Elle est la plus bouchère des trois grandes races allaitantes françaises : depuis sa création, la race blonde d'Aquitaine se positionne sur un marché plutôt haut de gamme. Sa conformation, son rendement en viande et sa grande taille, supérieurs à ceux des deux autres principales races allaitantes (charolaise et limousine), en font une vache particulièrement appréciée des bouchers. Elle est commercialisée essentiellement en boucheries artisanales et rayons « traditionnels » des GMS.

« Objectif blonde »

L'organisme de sélection blonde entend bien rester sur cette niche commerciale qui assure des débouchés et la rémunération des éleveurs. Pour cela, il a défini son « objectif blonde » : mettre sur le marché des vaches ayant une note d'engraissement d'au moins 3, et une note de conformation au moins U=, selon le classement EUROP.

Chaque année environ 106 000 vaches blondes d'Aquitaine sont abattues en France : elles représentent 6% des abattages totaux de vaches (pour rappel, 60% des vaches de boucherie sont des laitières). Or, l'étude des conformations et des états d'engraissement de ces 106 000 vaches révèle que moins de 40% d'entre elles se situent dans cet « objectif blonde ». La moitié des vaches abattues se situent dans des conformations U- à R -, ce qui en fait des vaches seulement « moyennes ».

Un besoin de références sur l'engraissement

Ce constat de l'hétérogénéité des carcasses, et de l'éloignement de l'objectif, a incité la filière à conduire des travaux de recherche autour de l'engraissement des blondes : est-il possible de bien finir ces animaux ? Avec quel type de ration ? Et surtout, à quel coût ? « Nous avions peu de références sur l'engraissement des blondes, la majeure partie des travaux ayant porté sur la race charolaise », note Aurélie Blachon, du service productions de viandes de l'Idele.

Avec Jean-Jacques Bertron, lui aussi du service productions de viandes de l'Idele, cette chercheuse a présenté les résultats de plusieurs programmes de recherche sur ce sujet, lors d'une réunion organisée à Héric (44) le 9 mars dernier. Environ 120 personnes ont assisté à la restitution, encore inédite, de ces travaux conduits par l'Idele en partenariat avec plusieurs acteurs impliqués dans la race : l'OS, les chambres d'agricultures, les contrôles de performances, Euralis...

« L'un des principaux enseignements de ces travaux est que l'on peut bien engraisser des blondes avec autre chose que des aliments secs », note Jean-Jacques Bertron. La finition avec uniquement des concentrés (maïs grain humide ou mash par exemple) a fait ses preuves pour ces vaches réputées « exigeantes », mais son coût, sans cesse croissant, devient pénalisant pour les marges des éleveurs. « Des rations semi-fourragères fonctionnent bien aussi et elles coûtent moins cher. Moyennant le respect des repères alimentaires, une blonde peut bien se finir avec quasiment tout type de ration », poursuit le spécialiste.

Jean-Jacques Bertron, responsable de projet au service productions de viande de l'Idele, a présenté les résultats issus de plusieurs années de recherche sur l'engraissement des blondes. (Photo : Catherine Perrot).

Plus de fourrages, moins de protéines : c'est possible

Plusieurs régimes de finition ont ainsi été testés, en ferme expérimentale (Les Etablières en Vendée) et dans un atelier collectif d'engraissement dans le Gers. Les itinéraires biphase, avec une première phase de fourrages (ensilage ou pâturage), suivie d'une phase de régime sec, apparaissent comme de bons compromis entre la réduction des coûts de production et la rentabilité économique de l'atelier. Ils nécessitent cependant une transition entre les deux phases. Autre source d'économie : les régimes avec 100 g de PDI/UF (protéines digestibles dans l'intestin/Unité fourragère) donnent d'aussi bons résultats que les régimes à 125 g PDI/UF, notamment des qualités de carcasses et de viande similaire, ce que recherchent les bouchers au final.

Ces travaux ont permis ainsi d'établir quelques nouveaux repères alimentaires pour une bonne finition : par exemple, pour un gain moyen de 200 kg en 6 mois, il faut viser 13 à 14 UF par jour, 100 à 110 g de PDI/UF, une ingestion d'environ 14 kg de MS par jour, soit un total de 2,5 TMS sur toute la durée de l'engraissement. « Les objectifs de marché, le type de ressources alimentaires disponibles sur la ferme permettent d'orienter le choix de l'itinéraire de finition », notent les spécialistes de l'Idele.

Repérer les potentiels de croissance le plus tôt possible

Un autre élément est apparu dans le cadre de ces études : tous les animaux n'ont pas le même comportement face au même régime. Certains animaux ont des « hypercroissances » et peuvent prendre plus de 300 kg durant leur engraissement : ils aboutiront à des animaux lourds, d'excellente qualité bouchère. L'engraissement aura d'ailleurs intérêt à se prolonger le plus possible pour valoriser au maximum tous ces kilos supplémentaires. A l'autre extrémité du spectre, certains animaux auront une croissance quasi nulle durant tout leur engraissement et ne donneront, au final, que de bêtes de qualité standard ou bas de gamme.

Un éleveur peut-il savoir à l'avance comment se comporteront ses animaux face à l'engraissement, et donc adapter leur ration et leur durée d'engraissement à leur potentiel ? « Oui », répond Aurélie Blachon. « Si on prend en compte les critères poids, âge, rang de vêlage et note d'état corporel à l'entrée à l'engraissement, on peut déjà prédire à 60% le potentiel de l'animal ». Sans surprise, les animaux ayant de bonnes croissances durant l'engraissement se retrouvent parmi les plus jeunes, primipares ou génisses âgées. Tandis que celles qui auront un gain quasi nul sont plutôt les vaches âgées de plus de 10 ans, déjà lourdes et/ou typées « élevage ».

Cette prédiction de 60% peut largement être améliorée par un autre critère : la mesure de la croissance durant les deux premiers mois de l'engraissement. Si la vache démarre bien, avec un gain de poids supérieur à 1500 g/jour, elle a toutes les chances de continuer sur cette lancée. En revanche, avec des gains inférieurs à 500 g/jour durant les deux premiers mois, il est inutile de continuer l'engraissement : il n'est pas économiquement rentable.