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Bilan climatique du mois d’août et de l’été météorologique
Alors que démarre l’automne météorologique, il est temps de faire un bilan du mois d'août, et plus généralement de l'été météorologique, qui aura été exceptionnellement chaud et sec.
Au final, l'été 2003 n'a pas été détrôné, mais le cru 2022 vient se classer à la deuxième place, avec une moyenne nationale de 22,7°C, soit un excédent thermique de +2,4°C. C'est assez nettement derrière 2003 (23,2°C) mais aussi franchement devant 2018 (21,9°C).
Le plus remarquable dans cet été 2022 a été la chaleur constante, avec quasiment trois mois entièrement au-dessus des normales, si l'on excepte quelques jours à la fin juin. Les deux pics caniculaires de la deuxième décade de juin et de la deuxième décade de juillet sont bien entendu dans toutes les mémoires, avec plus de 40°C sur une grande partie du pays, et de nombreux records absolus battus, notamment dans les régions de l'ouest.
Le 2e mois d'août le plus chaud
Le mois d'août aura également été très chaud (moyenne de 23,7°C, soit un excédent de +2,7°C, là aussi en deuxième position derrière 2003 et ses 24,9°C, le mois le plus chaud jamais observé en France). En revanche, il s'est caractérisé par une chaleur régulière, avec des maximales supérieures à 40°C beaucoup plus rares et des records mensuels occasionnels. Dans certaines stations du sud-ouest notamment, août 2022 arrive même à rivaliser avec août 2003, qui avait connu il est vrai une dernière semaine très fraîche après la canicule exceptionnelle. L'ensoleillement a également été excellent, avec un excédent saisonnier de +24% et de +25% pour le mois d'août.
Si juin avait été très orageux et juillet remarquablement sec, août s'est situé plutôt entre les deux, avec des dégradations occasionnelles mais sévères, notamment en deuxième partie de mois. Cela ne remet hélas pas en cause la sécheresse, déjà largement installée depuis le printemps météorologique, et qui n'a fait que s'aggraver avec notamment un mois de juillet aride (moins de 10 mm de moyenne nationale, le deuxième mois le plus sec de l'histoire). Le déficit pluviométrique annuel est de l'ordre de -40%, et pour ce mois d'août il atteint -42%. Aucune perturbation océanique n'a plus circulé une nouvelle fois, mais les orages ont été plus nombreux et parfois violents, notamment sur les deux dernières décades.
Orage dévastateur en Corse
L'épisode le plus marquant a été le système orageux dévastateur qui a traversé l'ensemble de la Corse le 17 août. Ayant bénéficié de températures de la mer parfois proches de 30°C à proximité de l'île de Beauté, il a pu prendre une ampleur inédite et se structurer en bow echo (en forme d'arc), associé à des valeurs de vent jamais observées dans la région, et plus généralement en France métropolitaine. On a relevé par exemple jusqu'à 225 km/h à Marignana (2A), 206 km/h à L'Ile-Rousse (2B), 197 km/h à Calvi (2B), 188 km/h à Bocognano (2A), 158 km/h à Ajaccio (2A) ou 123 km/h à Bastia (2B). Les dégâts ont été considérables avec de nombreuses victimes. Le système orageux a ensuite poursuivi sa route vers le nord de l'Italie et l'Autriche, tuant plus d'une dizaine de personnes.
Cet évènement météorologique exceptionnel s'est produit alors que l'île de Beauté n'était placée qu'en vigilance jaune, le niveau n'ayant été relevé à l’orange (et non rouge) qu'à 8h35, après que les rafales aient largement dépassé les 200 km/h. La veille, certains scénarios modélisaient à la fois la trajectoire et l'intensité de cet orage, mais ils restaient très minoritaires dans leur ensemble, et surtout paraissaient extrêmes. Il faut savoir qu'il est assez fréquent que les sorties déterministes envisagent une situation extraordinaire qui finalement ne se produit pas, ou très partiellement. En revanche, dès 5-6h du matin, les observations satellite et radar ne laissaient guère planer de doute sur l'arrivée imminente d'un orage hors du commun au moins sur l'ouest de l'île, mais il n'est pas non plus certain que ce délai aurait suffi pour informer efficacement la population et prendre les mesures nécessaires. Cela résume bien la part d'incertitude inhérente aux prévisions météo.