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Œufs de France : ne pas casser la dynamique
L’interprofession réitère sa volonté de construire 300 poulaillers d’ici à 2030 et de poursuivre la mutation vers des élevages alternatifs aux cages aménagées, alors que les importations, notamment d’Ukraine, constituent une menace pour la filière française.
Après avoir enregistré une croissance de 3% en 2023, pour atteindre 224 œufs par personne tous produits (œufs et ovoproduits) et tous circuits confondus, les achats d’œufs ont augmenté de 4,4% sur les 8 premiers mois de l’année, selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). L’interprofession l’explique par la conjonction de deux facteurs que sont d’une part les vertus nutritionnelles de l’œuf (acides aminés essentiels, vitaminés) et d’autre part son rapport qualité-prix, l’œuf étant selon le CNPO « la protéine animale la moins chère du marché ».
Origine France et système alternatifs
Deux autres paramètres caractérisent le marché hexagonal de l’œuf : la prédilection pour l’origine France et le bien-être des poules. Selon le CNPO, qui se fond sur une enquête de l’institut CSA réalisée en août 2023, 9 Français sur 10 citent l’origine française comme étant un critère de choix important. S’agissant du mode d’élevage, les œufs alternatifs aux cages aménagées sont toujours plus plébiscités par les consommateurs : près de 8 œufs achetés sur 10 en magasins (78,6%), contre 74,3% en 2022. Sur les huit premiers mois 2024, la proportion atteint près de 80 % (79,9 %) des œufs achetés en magasins. Dans le cadre de son Plan de filière 2030, le CNPO vise 90 % de poules pondeuses en système alternatifs (sol, plein air et AB) d’ici à 2030.
La menace des œufs ukrainiens
Pour atteindre cet objectif, le CNPO ambitionne de faire émerger 300 nouveaux poulaillers d’ici à 2030, équivalant à un investissement de 300 millions d’euros, en évitant les zones où sont présentes des couvoirs, dont les épidémies d’IAHP ont montré la vulnérabilité, et en améliorant le maillage. Un défi financier mais aussi sociétal pour le CNPO, qui estime nécessaire de travailler sur l’attractivité du métier d’une part et sur l’acceptabilité des élevages d’autre part. Mais pas seulement. A quelques jours de la Journée mondiale de l’œuf (vendredi 11 octobre), l’interprofession s’inquiète des flux d’œufs en provenance d’Ukraine. En 2023, les quantités importées par l’Union européenne ont progressé de 108 % par rapport à 2022, pour atteindre près de 50.000 tonnes (équivalent œuf coquille - teoc). De janvier à début septembre 2024, les importations européennes en provenance d’Ukraine ont déjà progressé de +35 % par rapport à la même période 2023. « Si les professionnels des Œufs de France sont solidaires des Ukrainiens, ils ne peuvent cependant pas accepter la concurrence d’œufs à bas coût, non soumis aux mêmes contraintes que leurs produits et demandent le contrôle systématique par les autorités sanitaires françaises des œufs importés à l’identique des contrôles effectués sur les œufs français », met en garde le CNPO.
Le taux d’auto-approvisionnement à la hausse
L’interprofession a pour vigie le taux d’auto-approvisionnement de la France. En 2023, il est remonté à 99,1% alors qu’il avait reculé à 97% en 2022, année marquée par un passage historique sous la barre des 100%. D’après les projections de l’ITAVI pour 2024, il devrait poursuivre sa remontée pour atteindre 99,7% en fin d’année, en raison du report des exportations vers le marché national. « Il restera cependant insuffisant pour répondre à la croissance de la demande nationale, estime le CNPO. Seule une autosuffisance à 102% ou 103% permettra de répondre au succès des œufs en France et de continuer à exporter ».